Chapitre 1 : Une belle surprise
La plupart des personnages de cette fiction appartiennent à sa talentueuse auteure : Jane Austen. Je vous laisse reconnaître certaines citations que je lui ai empruntées. Cette histoire et les personnages inventés sont cependant ma propriété et selon les droits d’auteur, je n’en autorise aucune reproduction et/ou utilisation, qu’elle soit totale ou partielle.
O&P
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Merci à toutes celles et tous ceux qui ont lu et commenté « La sonate de l’amour ». 😍 Cela m’a encouragée à écrire une suite…
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Voici donc la suite de « La sonate de l’amour ».
N.B.: Les huit premiers chapitres sont déjà écrits (et révisés par Lenniee) ét seront publiés assez rapidement. Pour les suivants, j’espère pouvoir publier environ un chapitre par mois, donc à vous de savoir si vous préférez attendre la fin pour commencer à lire ou si vous aurez la patience d’attendre entre chaque chapitre. Voilà, vous êtes prévenus, donc inutile de se plaindre…
La majorité des chapitres ne contient pas de contenus « sensibles ». Cependant, certains passages seront plus matures, parfois très sensuels ou avec des descriptions assez difficiles (scène de guerre…). Cela étant, j’avertirai de ce type de contenu en début de chaque chapitre concerné.
Enfin, n’oubliez pas qu’un commentaire fait toujours plaisir, c’est important de recueillir vos impressions et c’est motivant.
Assez de blablas… voici le premier et long chapitre.
Bonne lecture !
LSY🌺
La sonate de l’amour II : À la conquête du bonheur
Rappel: à la fin de La sonate de l’amour, Lizzie Darcy se sont enfin fiancés.
Chapitre 1 : une belle surprise
Aussitôt revenu dans son hôtel particulier, après avoir passé la matinée et le repas avec Elizabeth et les Bingley, Darcy avait annoncé la bonne nouvelle de ses fiançailles à Georgiana qui en avait pleuré de joie.
– Oh Fitzwilliam, je suis tellement heureuse pour vous ! vous méritez de connaître enfin la félicité. Je vous remercie de m’offrir la sœur dont je rêvais, j’apprécie tellement Elizabeth… déclara-t-elle en faisant une sorte de petite danse sur place pour exprimer sa joie autrement qu’avec des mots.
Heureux de constater sa réaction, Darcy attendit qu’elle se calmât avant de lui exposer son idée.
– Georgie, je me demandais… pourriez-vous m’aider à faire une petite surprise pour Elizabeth ? Je…
– Oh oui, bien sûr William ! le coupa-t-elle avec enthousiasme.
– Vous ne savez même pas encore ce que j’ai en tête ! remarqua William en riant avant de lui expliquer sa pensée.
Georgie tapa dans ses mains d’allégresse.
– Quelle bonne idée ! Je suis sûre que Lizzie va beaucoup aimer son cadeau. Je vais de ce pas voir avec Mrs Levingston, je dois trouver… dit-elle avec empressement en quittant la pièce, sa voix s’estompant dans le couloir.
Darcy était ravi d’avoir obtenu la complicité de sa petite sœur dans cette entreprise.
Il ne restait qu’une chose très importante à faire dont il aurait voulu s’occuper tout de suite, mais comme il était désormais trop tard, il s’était résolu d’attendre le lendemain. Il se leva dès l’aube, impatient qu’il était, fit seller Pégase et se rendit à Longbourn pour aller demander à Mr Bennet la main de sa fille. Elizabeth lui avait confié une lettre destinée à son père lui expliquant la situation et lui demandant sa bénédiction tout en le suppliant de ne pas trop taquiner son prétendant. Sa dulcinée lui avait expliqué le contenu de la missive, en ajoutant qu’elle espérait que ce serait un moyen pour lui faciliter la tâche.
Darcy put faire l’aller et le retour dans la journée, car le temps était froid mais sec. Alternant trot et galop sur le chemin qui le ramenait vers Londres pour ne pas épuiser son fidèle destrier, il retournait vers sa fiancée. Il se sentait si heureux qu’il avait l’impression que son cheval était vraiment ailé, comme son homonyme de la légende grecque. Le soleil qui inondait la plaine qu’il traversait, inondait aussi son cœur et réchauffait son corps. Le vent qui fouettait ses joues en feu, fouettait aussi sa passion pour Elizabeth…
Elizabeth, sa future épouse.
Elizabeth, la future maîtresse de Pemberley et… de ses nuits.
Elizabeth, la future mère de ses enfants.
Elizabeth (1), le prénom d’une reine, de la reine qui gouvernait son cœur, possédait son âme et bientôt son corps.
Chaque battement de son cœur était l’écho de son prénom ponctué par le bruit des sabots de sa monture qui martelaient le sol.
Tagada, tagada, tagada…
Elizabeth, Elizabeth, Elizabeth…
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Il revint à Londres un peu avant le crépuscule et fut satisfait de constater que Georgiana avait préparé à merveille le cadeau spécial qu’il avait souhaité offrir à Lizzie. La veille, Bingley avait eu la gentillesse de les inviter, Georgiana et lui, pour le souper s’il n’avait pas de contre-temps, alors il fit envoyer à son ami une confirmation par l’un de ses domestiques qu’ils seraient bien là, sauf Mrs Annesley qui était souffrante, puis il prit un bain rapidement et s’habilla pour la soirée. Il avait été bien fatigué par le voyage, mais l’idée de voir sa Lizzie l’avait revigoré, ce que son valet n’avait pas manqué de remarquer.
– Vous avez l’air d’être plein de vitalité malgré votre voyage, monsieur, dit Stanley avec une étincelle de malice dans les yeux, en terminant de nouer la cravate de son maître.
– Je suis si heureux, Stanley, que j’ai l’impression que je pourrais gravir une montagne, dit Darcy tout en scrutant le moindre détail de sa tenue, il se voulait impeccable, enfin, encore davantage que d’habitude.
Le valet de Darcy avait été si heureux, lui aussi, d’apprendre la bonne nouvelle, son garçon allait enfin connaître le bonheur qu’il méritait.
O&P
Quand les Darcy arrivèrent chez les Bingley, Charles, qui les intercepta sur le chemin du salon, les salua et ne put s’empêcher de taquiner son ami en voyant ce qu’il tenait dans sa main et qu’il essayait de cacher plus ou moins avec succès.
– Oh une délicate attention pour moi, merci Darcy, je n’en demandais pas tant !
– Charles, je vous en prie, arrêtez de faire l’idiot ! réprimanda Darcy en rougissant légèrement.
Bingley se mit à rire gentiment rejoint par Georgiana qui étouffa son rire avec sa main.
– Allez donc dans la bibliothèque, tandis que j’accompagne miss Darcy au salon. Sur le bureau j’y ai laissé un document dont je dois discuter urgemment avec vous. Oh, il y a aussi un livre qui devrait vous ravir. Je vous rejoins de suite, ajouta Charles avec un air mystérieux.
– Oui, mais avant j’aimerais voir…
– Je sais, le coupa-t-il, mais cela peut bien attendre un instant. D’après votre impatience, votre expression béate et votre présent, je comprends que l’on fera bientôt partie de la même famille, alors vous aurez la vie entière à passer auprès d’Elizabeth, un petit délai ne fera aucune différence. Allez-y, vous connaissez le chemin ! l’encouragea-t-il en le poussant dans la bonne direction.
Darcy acquiesça perplexe, se demandant de quel problème urgent Charles voulait discuter qui ne puisse attendre la fin du repas ? En parcourant seul le couloir d’abord, il s’inquiéta : « J’espère que ce n’est pas un souci concernant Elizabeth, ou notre mariage. » Puis il se rasséréna en se demandant : « Mais pourquoi alors Charles avait-il l’air d’un chat ayant trempé son museau dans un pot de crème ? »
Les Bingley avaient été si heureux la veille à l’annonce des fiançailles, qu’ils avaient fait déboucher l’une des meilleures bouteilles de champagne de leur cellier pour l’occasion. Charles, qui savait à quel point cette période de fiançailles pouvait être frustrante à être toujours chaperonné de près, avait pris son ami en pitié. Lizzie et Darcy avaient traversé une période très difficile et ils avaient besoin d’un peu de bonheur en privé. Il savait son ami être un homme d’honneur qui ne prendrait pas de libertés avec sa belle-sœur, « enfin pas trop » se dit-il en souriant. En entrant dans le salon avec Georgiana, il annonça que Darcy avait été retardé un peu et demanda à Elizabeth d’aller chercher dans la bibliothèque un livre qu’il avait oublié sur son bureau et dont il voulait discuter avec Darcy aussitôt qu’il arriverait. Elle se leva donc pour se rendre à la bibliothèque, tout aussi perplexe que son fiancé elle se demanda pourquoi Charles n’était pas allé chercher lui-même ce livre. Georgiana qui comprit alors l’intention de Bingley eut du mal à retenir son rire et garder son sérieux.
Darcy qui était déjà dans la pièce, à chercher le fameux document, entendit la porte qui était dans son dos s’ouvrir et se refermer rapidement. Il se retourna en disant :
– Charles, je n’ai pas trouvé le papier dont vous… il s’interrompit. Elizabeth ! son visage s’illumina.
– Bonsoir Mr Darcy, si c’est Charles que vous attendiez, je vais le chercher, dit Lizzie avec espièglerie.
– Mr Darcy ? interrogea-t-il déçu de s’entendre appeler ainsi, il saisit discrètement la surprise qu’il avait déposée sur le bureau, puis s’approcha d’elle en cachant sa main derrière son dos.
– William, rectifia Lizzie en baissant les yeux, un sourire effleurant ses lèvres. Elle se sentait brusquement intimidée en se demandant si elle avait eu raison de le taquiner à peine arrivée dans la pièce. C’était étrange car elle ne s’était jamais sentie aussi timorée avec quelqu’un. Cette intimité entre eux était si nouvelle que c’en était un peu déconcertant. Elle aperçut un sourire se dessiner sur le visage de son bienaimé révélant ses fossettes. Elle sentit son cœur passer un battement, ainsi que des papillons danser dans son ventre.
– Bonsoir Lizzie, dit-il tendrement en lui prenant la main de sa main libre pour y déposer un long baiser affectueux. Je peux vous assurer que je ne regrette nullement la substitution, dit-il avec humour. Comment vous portez-vous ce soir ?
Il pouvait déjà observer qu’Elizabeth avait meilleure mine, ses yeux étaient moins cernés et surtout, il y aperçut de nouveau cette étincelle de vie.
– Très bien, je vous remercie. Et vous ? demanda-t-elle la voix légèrement troublée à cause de ce contact intime.
– Mieux depuis que vous êtes entrée dans la pièce. J’ai apporté ceci pour vous, dit-il en lui tendant son cadeau. Il n’avait pas voulu le confier à qui que ce soit et il avait bien fait.
– Des violettes en soie! s’exclama-t-elle en saisissant les fleurs, et elles sont aussi parfumées ! vous vous êtes souvenu…, dit-elle avec émotion.
– Qu’elles sont vos préférées ? Oui bien sûr, ma très chère Elizabeth, affirma-t-il en la regardant avec amour.
– Merci William, cela me touche beaucoup, dit-elle en rougissant légèrement, d’autant plus qu’il n’a point dû être aisé de les obtenir en si peu de temps.
– Pour vous contenter je serai prêt à tout.
– Les avez-vous donc fabriquées vous-même ? ne put-elle s’empêcher de le taquiner, sachant très bien qu’un gentleman ne s’adonnait pas à ce genre d’activité.
Darcy émit un petit rire, il aimait être asticoté ainsi par elle, et uniquement par elle, c’était une preuve de leur complicité qui s’installait de plus en plus.
– Sachant que ces fleurs sont vos préférés, il fit une pause, aussitôt que je suis rentré hier j’ai annoncé nos fiançailles à Georgiana et je lui ai demandé de réaliser mon souhait, elle a un vrai talent pour ce genre de choses. Comme on ne peut pas en obtenir de naturelles en cette saison, j’ai pensé que ceci pourrait être un bon substitut…
– Et ça l’est absolument, les fleurs seront ainsi un éternel souvenir de ce jour, dit-elle en caressant les pétales, son travail est si délicat, mais quand a-t-elle trouvé le temps de les fabriquer ?
– Elle était si heureuse pour nous qu’elle n’a pas voulu attendre pour les confectionner, alors elle a aussitôt fouillé le grenier avec notre femme de charge pour trouver des étoffes des différentes couleurs nécessaires et elle a passé le reste de la journée d’hier ainsi que la matinée d’aujourd’hui à la tâche.
– Oh, William ! elle était sans voix comprenant son intention et la peine que sa sœur s’était donnée pour lui faire plaisir. Elle ne pensait pas William aussi sentimental, il avait bien caché son jeu.
Lizzie osa franchir la petite distance qui les séparait encore afin qu’ils puissent se toucher. Darcy lui caressa la joue tendrement, elle inclina la tête dans la paume du jeune homme pour accentuer le contact et s’en délecter. Il la vit frissonner de plaisir ce qui l’encouragea à explorer davantage chaque trait de son visage avec son autre main. Lorsqu’il atteignit sa bouche, elle embrassa le bout de ses doigts tout en le regardant amoureusement. Il pouvait entendre la respiration de la jeune femme s’accélérer, ce qui provoqua une vague de désir en lui, le désir de goûter ces belles lèvres, alors il s’inclina pour assouvir son envie. Toutefois, son baiser resta tendre et superficiel, malgré son besoin de l’approfondir. Il se dit que cela n’était ni le lieu, ni le moment, car ils étaient attendus, or ils avaient déjà trop tardé à rejoindre les autres. De plus, ce serait un bien piètre exemple pour Georgiana si Elizabeth revenait avec les lèvres rougies, sans parler de l’effet que cela lui ferait à lui… Il ne voulait pas non plus abuser de la confiance que lui avait témoignée Charles en arrangeant ce rendez-vous. Quand il se sépara d’elle, il put lire la frustration dans ses yeux et promit en pensée « bientôt, mon amour, je vous ferai découvrir mille autres délices ». Pour compenser sa déception il l’enlaça, Lizzie se lova contre sa poitrine tout en faisant attention à ne pas écraser son précieux bouquet, alors il embrassa le sommet de son crâne. Elle entendait le cœur de son bienaimé battre vite et fort à l’unisson du sien. Ils restèrent ainsi quelques instants en silence à profiter de la chaleur et de l’odeur de l’autre. Fleurs sauvages et bois musqué s’entremêlaient en une fragrance unique : celle du bonheur. Cette intimité était à la fois exquise et inhabituelle. Ils se demandaient s’ils n’étaient point en train de rêver. Mais le charme ne pouvait s’étendre à l’infini.
– Il est temps de rejoindre les autres, dit-il doucement à l’oreille de Lizzie qui frissonna.
– Oui, vous avez raison, dit-elle en s’écartant légèrement de lui bien à contrecœur afin de pouvoir le regarder dans les yeux, mais dites-moi, comment s’est passé votre entrevue avec mon père ? demanda-t-elle légèrement inquiète revenant à la réalité en se rappelant soudainement le voyage que Darcy avait voulu entreprendre ce jour même, car elle connaissait très bien le caractère sarcastique de son paternel.
– Très bien, rassurez-vous. J’ai obtenu son consentement avec sa bénédiction. D’ailleurs, j’allais oublier, dit-il en retirant un pli de sa poche, il m’a remis une lettre pour vous.
Elizabeth sourit, soulagée en saisissant la missive qu’elle lirait plus tard. Mais une pensée lui traversa tout de suite l’esprit.
– Et ma mère, j’espère qu’elle n’a pas été trop vocale ? demanda-t-elle sur un ton où l’espièglerie se teinta d’un peu d’appréhension.
Darcy se remémora la réaction de sa future belle-mère :
– Oooh cette chère Lizzie, quelle petite futée pour avoir attrapé un homme aussi riche, aussi beau et aussi grand ! Elle n’est pourtant pas aussi belle que ma chère Jane ou aussi enjouée que ma Lydia… d’ailleurs êtes-vous sûr, Mr Darcy, que vous ne préféreriez pas ma Lydia ? Elle est si pleine d’entrain, davantage qu’Elizabeth et aussi plus jolie qu’elle, et je pense qu’elle vous siérait davantage, elle est tout à fait comme moi au même âge.
Darcy mortifié avait pensé « Dieu m’en garde ! », mais il avait affiché son masque d’impassibilité en déclinant l’offre poliment sous le regard amusé de Mr Bennet.
Comment Elizabeth pouvait appartenir à la même famille que ces gens, demeurait un mystère complet, et il ne l’en trouva qu’encore plus admirable pour être ce trésor qu’elle était avec un modèle de mère pareil ! La femme de Charles ne leur ressemblait pas non plus dans le caractère. Peut-être avaient-elles été adoptées, elle et Mrs Bingley ? Bien sûr, il ne le pensait pas sérieusement. Il devait bien admettre, cependant, qu’il retrouvait l’esprit de sa bienaimée en son père, même si celui-ci était plus sarcastique. Il décida de ne pas rapporter mot pour mot la réponse de Mrs Bennet afin de ne pas blesser sa fiancée et opta pour une version adoucie.
– Elle a manifesté sa joie de voir l’une de ses filles épouser un riche gentleman, dit-il avec un petit sourire penaud.
– Je suis sûre que c’est un doux euphémisme, William, car vous êtes trop bien éduqué pour me révéler quelles ont été ses paroles exactes et que je n’ose imaginer, répondit-elle avec malice. Et comment vont mes sœurs ?
– Miss Mary et Miss Catherine sont en parfaite santé. Miss Lydia a eu un refroidissement, rien de très sérieux d’après l’apothicaire, mais de quoi la clouer au lit avec de la fièvre et un mal de gorge. C’est pour cela que votre mère ne vous rejoindra pas tout de suite pour préparer votre trousseau, mais elle viendra dès que votre sœur ira mieux.
Lizzie était sincèrement désolée pour sa sœur, mais elle apprécia les quelques jours de répit qui lui étaient ainsi offerts car elle savait qu’elle n’aurait plus la paix dès que sa mère serait là. La seule idée d’entendre parler de dentelles, de rubans, ainsi que de futurs bals à donner pour mettre ses petites sœurs à marier sur le chemin de riches gentlemen à longueur de journée lui était insupportable. Lizzie craignait aussi que sa mère, trop exaltée et excitable, ne s’exposât au ridicule de la haute société qu’elle savait si intransigeante, il suffisait de considérer l’attitude des sœurs de Bingley pour s’en convaincre.
Sur leur chemin pour rejoindre les autres, Lizzie confia son bouquet à une servante avec des instructions pour le faire apporter dans sa chambre. Les amoureux entrèrent dans le salon et ne purent s’empêcher de rougir sous le regard complice des âmes présentes. Lizzie dit simplement avec un regard appuyé envers Charles :
– J’ai rencontré Mr Darcy en allant vers la bibliothèque.
– Avez-vous trouvé l’ouvrage intéressant, Darcy ? demanda Charles sur un ton taquin.
– Tout à fait passionnant, je vous assure, merci beaucoup Bingley, répondit Darcy à la fois gêné et amusé. En fait, personne n’était dupe.
– Charles m’a dit que papa a donné à Mr Darcy sa bénédiction à votre union. Avez-vous déjà décidé quand et où vous voulez vous marier, Lizzie demanda Jane.
– À dire vrai, nous n’en avons pas encore discuté, répondit Lizzie en rougissant un peu.
– Votre père a consenti à six semaines, dit-il avec un demi-sourire en pensant à cette partie de leur entrevue, bien que votre mère souhaitait plusieurs mois pour préparer dignement l’évènement à Longbourn, au printemps. Toutefois Elizabeth, j’espère que vous ne souhaitez pas de trop longues fiançailles ? demanda Darcy sur un ton proche de la supplique en se tournant vers elle.
Jane et Lizzie échangèrent un regard amusé et entendu. Elles connaissaient parfaitement bien leur mère qui désirerait épater tout le voisinage avec le deuxième mariage de l’une de ses filles avec un riche gentleman et, qui plus est, en parenté avec la noblesse cette fois-ci.
Darcy n’eut pas de réponse immédiate car le majordome venait d’entrer pour annoncer le souper qui se déroula dans la bonne humeur. Ensuite, Georgiana se mit au pianoforte laissant ainsi les deux couples discuter de leur côté, installés chacun dans une causeuse. Les Bingley savaient que Lizzie et Darcy avaient les détails de leur mariage à mettre au point. Ainsi Darcy posa à nouveau la question de la date.
– Six semaines me paraît un délai raisonnable, dit Lizzie, de toute façon, je ne souhaite pas un mariage en grande pompe (2).
– Je suis soulagé de l’apprendre. Si cela ne tenait qu’à moi, je vous épouserais dès demain. Je désirerais aussi quelque chose d’intime. Je suppose que vous souhaitez vous marier à Longbourn ?
– Oui, mais vous William ? il y a aussi votre famille à considérer.
– Je pense que c’est tout à fait envisageable, après tout elle n’est pas si vaste, il fit une pause en pensant tristement à Richard. En parlant de ma famille, je souhaiterais vous présenter aux Fitzwilliam, en particulier à mon oncle et à ma tante.
– Oh, oui bien sûr, répondit Lizzie qui lut sa pensée. Elle ressentit aussi un moment d’appréhension, car elle se demandait comment elle serait accueillie et si le comte de Matlock était aussi condescendant et snob que sa sœur Lady Catherine.
– Ne vous inquiétez pas, ma chère Elizabeth, le comte de Matlock est plus aimable que Lady Catherine, dit-il en lui prenant discrètement la main devinant sa crainte. Cependant, il savait que la faire accepter ne serait pas aisé.
– Quand souhaitez-vous que la rencontre ait lieu ?
– Je leur en parlerai dès demain en leur annonçant nos fiançailles et je conviendrai d’une date avec eux. Y a-t-il un jour dans la semaine qui vient qui serait plus accommodant pour vous et les Bingley ? demanda-t-il en caressant avec son pouce le dos de la main d’Elizabeth qu’il tenait toujours.
– Non, nous n’avons rien de spécial de prévu, de toute façon je m’arrangerai pour être disponible, on ne délaie pas la rencontre avec un comte, répondit Lizzie avec humour ce qui fit rire un peu Darcy.
Les fiancés se turent brusquement et se regardèrent dans les yeux. Ce mouvement sur sa main était très distrayant pour Lizzie qui se demandait comment un simple pouce pouvait la troubler à ce point ? Ce doigt qui l’effleurait l’électrisait, surtout quand il se déplaça à l’intérieur de sa paume puis remonta jusqu’à son poignet dans un geste amoureux, plein de promesses. Lizzie vérifia que Jane, Charles et Georgie ne pouvaient pas observer cet attouchement depuis leur point de vue avant de rendre la pareille à Darcy. Du bout de ses doigts elle imita dans un premier temps chaque mouvement de son fiancé, puis elle prit des initiatives en créant des arabesques, exécutant un balai sensuel qui se termina dans un entrelacement de leurs doigts. Lizzie plongea ses yeux dans ceux de William, son regard était intense, un miroir des émois qu’elle lui provoquait ainsi que des sentiments profonds qu’il éprouvait. Elle pouvait tout lire comme dans un livre ouvert, elle comprenait enfin les regards de Darcy et ce qu’elle y voyait la submergeait d’émotion. C’était ça l’amour le plus profond qu’elle avait toujours souhaité.
Ils furent ramenés à la réalité par une petite toux.
– Lizzie, voulez-vous jouer aussi ?
Ils n’avaient pas vu Georgiana arriver près d’eux, perdus qu’ils étaient dans leur bulle de bonheur. Ils se lâchèrent brusquement la main en rougissant.
– Euh… non merci Georgie, pas ce soir, répondit finalement Lizzie avant d’ajouter discrètement maintenant qu’elle avait l’opportunité, je vous remercie pour les fleurs, elles sont magnifiques, vous m’aviez caché ce talent.
– C’était l’idée de William, mais j’étais ravie de participer. Je suis si heureuse que vous deveniez ma sœur, dit-elle avec une sincère émotion.
– Moi aussi Georgie, répondit Lizzie en lui prenant la main, car je vous apprécie grandement. Et ce bouquet me sera doublement précieux.
Elles se sourirent sous le regard attendri de Darcy dont le cœur s’était gonflé de joie en observant l’affection qui liait déjà les deux jeunes femmes qu’il aimait le plus au monde. Non seulement il allait s’unir avec la plus merveilleuse des épouses, mais Georgiana allait gagner une sœur aimante qui saurait aussi la guider. Il était vraiment le plus heureux des hommes.
– Je vais continuer à jouer un peu, proposa la jeune blonde qui comprit aussi le besoin d’intimité du couple. De toute façon, elle aurait bientôt beaucoup de temps à passer avec sa future belle-sœur lorsqu’elle viendrait s’installer avec eux.
– Excellente idée, merci Georgie, dit Darcy à sa sœur avec un regard plein de gratitude.
Les fiancés parlèrent alors de leurs projets pour le mariage plus en détails et aussi du séjour de Lizzie à Londres, Darcy voulait passer chaque jour au moins un moment avec sa belle dame. Quelques visites furent déjà planifiées en concertation aussi avec les Bingley.
O&P
Le soir, alors qu’elle allait se mettre au lit, Elizabeth se souvint de la lettre de son père, comment avait-elle pu oublier ? William l’avait distraite… Elle récupéra la missive qui avait l’air assez épaisse, puis s’installa sur son lit en se tournant du côté de la chandelle. Elle brisa le sceau et déplia les feuilles de papier. Il y avait en fait deux lettres, l’une de la part de son père et l’autre de sa mère avec quelques lignes de ses sœurs. Elle commença par celle qui l’intriguait le plus.
Thomas Bennet Longbourn esq.
Hertfordshire
Le 18 septembre 1815,
Ma chère Lizzie,
Quelle ne fut pas ma surprise en recevant ce jour Mr Darcy et votre lettre ! Quelle cachotière vous avez été, vous auriez pu me dire ce qui se tramait entre vous deux. Vous voulez donc me laisser seul entre les pauvres nerfs de votre mère et trois des filles parmi les plus sottes d’Angleterre. Mais comme vous le savez probablement déjà, j’ai donné mon consentement, il est de ces personnes auxquelles on n’ose refuser ce qu’elles ont l’honneur de vous demander.
À cela, Lizzie fit une pause amusée : « Et pourtant, j’ai osé le faire ! »
Mais, ma chère enfant, êtes-vous bien sûre de ce que vous faites ? Il est riche, certes, et vous aurez de plus beaux équipages que Jane, pour autant, serez-vous heureuse ? Comprenez-vous bien dans quel monde vous allez entrer ? Ces gens ne vous pardonneront peut-être jamais d’avoir osé « chasser » sur leur territoire en épousant l’un des célibataires les plus recherchés de la haute société. Je connais votre caractère, Lizzie, ne me donnez pas le chagrin de vous voir un jour regretter votre choix.
Toutefois, si vous persistez dans votre décision, j’ai bien discuté avec Mr Darcy et sachez qu’il a toute mon approbation, il vous mérite. Je doutais de pouvoir trouver un jour quelqu’un qui soit digne de vous, petite Lizzie.
Pour terminer, j’ai bien peur de ne pas avoir résisté au plaisir de taquiner un peu le pauvre homme en exigeant dans un premier temps, des fiançailles d’un an. Si vous aviez vu son air malheureux, pourtant il était prêt à attendre. Je l’ai aussi averti qu’il devrait se faire à l’idée de perdre un peu plus souvent aux échecs.
Avec toute mon affection,
Papa
Lizzie était pensive en terminant la lettre, elle comprenait les craintes de son père qui voulait la mettre en garde, mais en même temps elle était un peu déçue qu’il doute de sa détermination.
Elle passa à la lettre de sa mère qui s’extasiait sur son habileté à avoir attrapé un époux aussi riche. Elle prodiguait des conseils pour ne pas offusquer Mr Darcy afin ne pas risquer de le faire fuir, d’être docile, de ne pas le contrarier et d’adhérer à son opinion en toute circonstance, même si elle n’était pas d’accord en oubliant son impertinence. En bref, de se comporter comme une parfaite Lady à l’exemple de Jane. Elle terminait par une liste de ce qu’elle devrait acquérir pour son trousseau, ainsi que de bonnes adresses où les acquérir. Elle viendrait dès que possible, une fois que sa petite Lydia chérie irait mieux.
Enfin il y avait quelques lignes de félicitations de la part de Mary et de Kitty, Lydia étant encore trop malade pour écrire.
Lizzie posa les feuilles repliées sur sa table de nuit et saisit le bouquet de violettes qui s’y tenait déjà. Elle toucha les doux pétales avec émotion. Peut-être qu’elle ne plairait pas à tous dans le beau monde, mais l’essentiel était qu’elle avait déjà l’amour de deux personnes qui lui étaient très chères, ce bouquet en était le symbole, et cela suffisait à lui donner le courage d’affronter les autres. Elle porta alors les fleurettes à son nez pour les humer encore une dernière fois avant de le reposer religieusement. Puis elle songea rêveuse à ces deux baisers en se touchant les lèvres du bout des doigts, ils avaient été à la fois si doux et si exaltants, ainsi qu’à ses caresses sensuelles sur sa main, elle en tremblait encore.
Cette nuit-là, elle fit de beaux rêves.
Chapitre 2 à venir
Notes :
(1) Elisabeth Ire (1533 – 1603), fut Reine d’Angleterre et d’Irlande de 1558 à sa mort. Elle était la fille du roi Henri VIII d’Angleterre et d’Anne Boleyn, elle ne se maria jamais et la lignée Tudor s’éteignit avec elle. En vieillissant, elle fut surnommée la Virgin Queen (« Reine Vierge »). Elle était reconnue pour son charisme et son caractère obstiné. Polyglotte, elle était l’une des femmes les plus cultivées de sa génération.
Source: Wikipédia
(2) Au XIIème siècle, le terme « pompe » désignait une cérémonie luxueuse et fastueuse. L’expression « en grande pompe » remonte au XVIIème siècle chez Pascal dans ses Pensées où il évoque la venue de Jésus-Christ en grande pompe.
Source: https://www.expressio.fr/
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