Chapitre 27 : une rencontre inattendue (1ère partie)
La plupart des personnages de cette fiction appartiennent à sa talentueuse auteure : Jane Austen. Cette histoire et les personnages inventés sont cependant ma propriété et selon les droits d’auteur, je n’en autorise aucune reproduction et/ou utilisation, qu’elle soit totale ou partielle.
O&P
Un grand merci à Lenniee pour la relecture de ce chapitre et sa contribution à son amélioration.
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Merci pour vos réponses (du site fanfiction) à ma précédente question, trois personnes ont trouvé : AdAtc, Pixiel et Laetitia Tiesset, bravo pour votre intuition ! 🙂
Par contre, personne n’a trouvé ici…
Avertissement, ce chapitre est angoissant.
La sonate de l’amour
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« La calomnie est la première raison des envieux, des jaloux et des fripons. »
– Joseph Michel Antoine Servan –
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Chapitre 27 – 1ère partie – : une rencontre inattendue
– Miss Elizabeth ! quel plaisir de vous revoir ici.
Avant même de voir la personne, elle sut à qui appartenait cette voix. Elle se retourna pour lui faire face.
– Mr Wickham, que faites-vous ici ? demanda-t-elle sans masquer sa surprise.
– Je pourrais vous retourner la question, madame, dit-il avec un méchant sourire en coin.
– Je suis en visite avec ma sœur, Mrs Bingley et son mari, elle décida de passer sous silence l’invitation de Georgiana. Vous n’avez pas répondu à ma question, dit-elle avec une assurance qu’elle ne ressentait pas.
– Disons que… j’ai eu l’envie de visiter les lieux de mon enfance, répondit-il avec malice.
Wickham se rapprocha de la jeune femme dangereusement, elle fit deux pas en arrière pour maintenir une distance respectable. Lizzie était inquiète, elle connaissait maintenant la véritable personnalité de l’homme, or elle se trouvait seule avec lui à une heure de marche du manoir. De plus, il était censé être en garnison à Brighton, il était bien en uniforme mais il était en désordre, ce qui n’était pas un bon signe. Elle eut un mauvais pressentiment, était-il revenu pour Georgiana ? Pour enlever la jeune fille ? Pour détruire sa réputation ? Pour se venger de Mr Darcy ? Il fallait gagner du temps et peut-être que quelqu’un, un métayer passerait par-là ? les chances étaient minces…
– Avez-vous revu des amis ? demanda-t-elle pour le distraire.
– Non, pas encore, mais puisque vous êtes là, je crois que j’ai gagné ma journée, dit-il en se rapprochant de nouveau d’elle. Il la surprit en saisissant l’un de ses poignets.
– Veuillez me lâcher immédiatement ou je cris ! ordonna-t-elle furieuse en essayant de se libérer.
– Oh, vous pouvez crier tant que vous voulez, il n’y a personne à deux miles à la ronde, dit-il en ricanant et en la tirant brutalement vers lui.
– AU SEC… commença-t-elle à hurler en essayant de s’échapper.
Wickham avait sorti un mouchoir et le plaqua sur la bouche de Lizzie, malgré ce qu’il venait d’affirmer il préférait ne prendre aucun risque. Tout en la faisant taire, il ramena son bras droit à l’arrière de son dos pour la maîtriser et la faire avancer. La jeune femme essaya de se débattre, elle tenta même de lui donner un coup de talon, mais il esquiva. Elle réussit à le griffer de sa main libre, mais il était fort. Sa prise était douloureuse, plus elle se défendait et plus il lui tordait le bras, au point qu’elle crût qu’il allait lui déboîter l’épaule. Elle dut donc se résigner à se laisser guider jusqu’à la cabane. Une fois à l’intérieur, il la balança sur une couchette à plat ventre et se plaça à califourchon sur elle pour la maintenir en place tout en gardant ses deux mains libres.
Vous êtes bien vigoureuse ma jolie, un beau brin de fille, assurément, lui susurra-t-il à l’oreille, et je comprends que Darcy se soit entiché de vous. Je suis sûr qu’il sera prêt à payer très cher pour vous récupérer.
Lizzie était terrifiée, elle sentait l’homme peser sur son bassin et ne pouvait pas bouger. Elle se posait beaucoup de questions : qu’allait-il lui faire ? Comment savait-il que Mr Darcy avait éprouvé des sentiments envers elle, du moins à une certaine époque ? elle tenta de se rassurer quelque peu en se disant qu’il voulait probablement monnayer sa liberté, mais très vite elle pensa à sa réputation, elle risquait fort d’être déshonorée si quelque servant ou autre venait à apprendre sa mésaventure, et cela même si … même s’il ne touchait pas à sa vertu, l’idée la fit frémir et lui donna la nausée teintée d’un goût de bile. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine.
Wickham saisit une corde et attacha les mains d’Elizabeth derrière son dos avant d’enfoncer le mouchoir un peu plus dans sa bouche et le maintenir en place avec sa cravate qu’il avait dénouée à la hâte. Enfin il ligota ses chevilles ensemble avant de l’abandonner ainsi sur le lit de fortune. Elle avait du mal à respirer à cause du bâillon qui lui desséchait aussi la bouche.
En fait, Wickham avait quitté Brighton rattrapé par ses dettes. Avec uniquement quelques pièces en poche et l’usage de ses astuces et traquenards habituels, il avait décidé d’entreprendre un voyage vers Pemberley. Il connaissait les lieux comme sa poche et pensait en tirer quelque parti. Il comptait séduire à l’occasion une nouvelle domestique qui ne le connaissait pas, sous une nouvelle identité afin de pas trahir sa présence auprès de Darcy et du personnel qu’il avait connu. Il lui raconterait l’une de ses histoires bien ficelée, ainsi elle lui fournirait tout ce qu’il demanderait d’elle. Comme d’habitude. Cela en devenait presque lassant pour lui.
Il s’était donc caché dans cette cabane abandonnée qu’il connaissait très bien, car elle avait servi comme terrain de jeu dans son enfance. Une autre avait été construite, alors qu’il n’était encore qu’un enfant, dans un endroit en aval de la rivière qui était beaucoup plus poissonneux. Peu après son arrivée, alors qu’il explorait les lieux dans l’espoir de rencontrer, par hasard, la nouvelle lavandière qu’il avait repérée, il avait été témoin d’une scène fort intéressante : une rencontre galante entre Elizabeth et Darcy qui lui avait offert un bouquet de roses. Qui aurait pu croire que ce prude de Darcy contait fleurette à une jeune femme secrètement ? Lui qui s’était offusqué en le surprenant dans les bras d’une fille dans sa chambre à Cambridge, mais quel hypocrite ! Voulait-il épouser Miss Elizabeth ? Non, le très fier Maître de Pemberley devait certainement viser plus haut, il voulait probablement plutôt en faire sa maîtresse, pourtant il n’avait jamais réussi à lui en découvrir ne serait-ce qu’une seule, et ce n’était pas faute d’avoir cherché. Enfin, peu lui importait la réponse, il voyait là de quoi marchander une coquette somme en se demandant jusqu’à quel montant il pourrait exiger qu’il fût prêt à débourser et qu’il pouvait rassembler rapidement. Il avait donc fomenté un plan et avait rassemblé tout ce dont il avait besoin, très facile car les cordes étaient déjà sur place. Il connaissait les habitudes d’Elizabeth et il savait qu’elle aimait les promenades matinales en solitaire, ce n’était donc qu’une question de temps avant qu’il ne la croise. En attendant il avait fait la connaissance de Lily, la nouvelle lavandière, et apprit que les Bingley étaient là aussi et que tous resteraient pour deux semaines. Au bout de huit jours la chance lui avait enfin souri et tout près de son repère, il n’en demandait pas tant.
Tandis que Lizzie était étendue impuissante sur le lit, Wickham écrivit une brève note destinée à Darcy.
O&P
Entre-temps, au manoir, Jane avait rejoint son mari après s’être réveillée seule dans le lit de Lizzie qui devait être partie se promener. Les époux arrivèrent donc ensemble dans la petite salle à manger réservée pour le déjeuner. Les Darcy étaient déjà là. Ils commencèrent à se restaurer, puis à la fin de leur repas, Georgiana commença à manifester son inquiétude au sujet de l’absence de Lizzie. Jane tenta de la rassurer en lui disant que ce ne serait pas la première fois que sa sœur aurait perdu la notion du temps en se promenant. Darcy ne montrait rien, mais il était inquiet, lui aussi. Elle aurait pu tomber, se blesser, se perdre, faire une mauvaise rencontre avec des braconniers, cela arrivait parfois que certains viennent s’aventurer sur ses terres. Il sentit une boule au ventre à cette idée, mais décida d’attendre un peu, probablement qu’elle allait apparaître à tout moment.
Quinze minutes passèrent…
Puis une demi-heure…
Après une heure, tout le monde était inquiet. Darcy se dit qu’il aurait dû insister quand il lui avait proposé de se faire accompagner d’un domestique, la première fois qu’elle avait signifié qu’elle parcourrait le maximum de chemins possible durant son séjour.
– Charles et moi allons faire un tour à cheval pour aller à sa recherche, qu’en pensez-vous mon ami ? proposa Darcy.
– Oui, Darcy, excellente idée !
– Puis-je aller avec vous ? demanda Georgiana.
– Non, ma colombe, vous devez rester avec Mrs Bingley, de plus si Miss Bennet revenait avant que nous soyons de retour, vous devrez être là pour votre invitée, lui répondit-il, en fait il voulait surtout la préserver.
En se rendant aux écuries, Darcy pensait à ce qui serait mieux de faire, car chercher au hasard était comme chercher une aiguille dans une botte de foin.
– Je vais interroger discrètement Johnson, le chef-jardinier, pour savoir si elle a été aperçue et dans quelle direction elle est allée, mais il ne faut pas éventer sa disparition afin de pas entacher sa réputation, dit Darcy tout bas à Charles.
– Je suppose qu’il est de toute confiance, après ce que vous avez fait pour sa fille ?
– Oui, nous pouvons compter sur sa discrétion, répondit Darcy.
Darcy fit donc chercher Johnson par Tom, l’un des palefreniers. Le chef-jardinier avait aperçu la jeune femme qui s’était dirigée vers l’est. Les deux amis partirent donc dans ladite direction, chacun prenant un chemin différent au premier croisement, mais ils ne pouvaient pas se dédoubler au second, ils choisirent donc au hasard.
Ils s’étaient donné rendez-vous au bout d’une demi-heure à leur point de départ, mais rien, aucune trace d’Elizabeth. Ils se dirent qu’elle était peut-être rentrée entre-temps, mais dès leur arrivée au manoir, ils comprirent que ça n’était point le cas en voyant les mines angoissées de Jane et Georgiana. Darcy était à l’agonie, mais il ne pouvait rien laisser transparaître afin de ne pas augmenter l’inquiétude de sa sœur et des Bingley, mais aussi pour ne pas trahir ses sentiments envers la demoiselle. Alors que Darcy et Bingley avaient décidé de repartir à sa recherche, un domestique apporta une enveloppe sur un plateau d’argent.
– Excusez-moi, monsieur. Le jeune Tom a trouvé cette lettre qui vous est adressée près des écuries. Peut-être qu’elle s’est égarée ?
Le cœur de Darcy s’accéléra, il ne savait pas d’où lui venait cette idée, mais il avait la sensation que cela avait un rapport avec la disparition de Miss Bennet. Il saisit la missive sur laquelle était simplement écrit « Mr Darcy » et congédia le valet après l’avoir remercié. Il retourna l’enveloppe dans ses mains. Aucun signe particulier sur le cachet de cire et aucun nom d’expéditeur, mais pourtant, il crut reconnaître cette façon particulière d’écrire la lettre « y » avec une boucle à demi-fermée. Non ! ce n’était pas possible ! Il s’approcha de la fenêtre pour s’éloigner de ses compagnons et leur tourna le dos. Il voulait être seul pour dissimuler toute réaction. Il rompit le sceau en cire et regarda tout de suite la signature au bas de la courte note : G.W. Le doute n’était plus possible : Whickham ! Il lut le contenu rapidement.
Darcy,
Je détiens quelque chose qui vous est très chère et si vous voulez la revoir en une seule pièce, apportez-moi, jeudi à 8h : deux mille livres et la montre en or de votre père. Vous laisserez le tout dans l’arbre creux près de l’étang aux libellules. Je libérerai votre trésor dès que j’aurais récupéré le tout.
Votre vieil ami,
G.W.
– Charles et moi devons nous entretenir sur une affaire urgente, dit-il sérieusement en se retournant vers le groupe qui avait les yeux rivés sur lui.
– Mais pour Lizzie ? demandèrent en chœur Jane et Georgiana.
– Justement, cela la concerne, dut révéler Darcy.
– Alors nous devons aussi participer à la discussion, dit Jane fermement.
– Je ne sais pas si c’est une bonne idée, répondit le brun en s’approchant lentement.
– Mais c’est ma sœur, s’écria Jane angoissée.
– Jane n’a pas tort, intervint son époux.
– Bon, très bien. Suivez-moi dans mon bureau, se résigna-t-il.
De toute façon Miss Bennet ne rentrerait pas alors autant mettre également les deux jeunes femmes au courant se dit Darcy. Il avait été tenté de tenir Georgie à l’écart, car il était très inquiet pour elle, il se demandait si elle pourrait gérer la situation lorsqu’elle apprendrait que c’était Wickham qui avait enlevé son amie. Mais au final, il se dit que la laisser dans l’incertitude de ce qui était arrivé à Miss Bennet serait peut-être pire.
Toutefois, en présentant la situation Darcy décida de passer sous silence l’identité du ravisseur et la requête au sujet de la montre de son père qui pourrait susciter des questions, il révélerait tout à Charles plus tard. La stratégie à mener lui vint au fur et à mesure qu’il parlait.
– Elle a donc été enlevée pour de l’argent ? s’indigna Georgiana.
– Malheureusement cela arrive parfois, répondit Darcy.
– Mon Dieu ! s’écria Jane, c’est une somme importante ! Et c’est étrange, pourquoi vous la réclamer, à vous, Elizabeth n’est point de votre famille.
– Ne vous inquiétez pas pour cela, Mrs Bingley, je paierai, déclara Darcy sans hésiter.
– Je le peux aussi, ajouta Charles.
– Non, c’est une invitée des Darcy qui a été enlevée sur mes terres, expliqua-il pour éluder les questions embarrassantes, et la rançon m’a été demandée à moi seul. C’est plutôt un autre problème qui me préoccupe en plus de sa sécurité, « en fait deux » songea Darcy en pensant à Wickham.
– Sa réputation, dit Jane avec inquiétude.
– En effet, c’est pour cela que nous ne devons rien ébruiter.
– Vous pourriez dire aux domestiques qu’Elizabeth est malade et a dû garder la chambre, suggéra Charles.
Darcy réfléchit un instant.
– Bonne idée, mais si je convoque quelqu’un pour donner cette information, quand il est manifeste que ce matin nous n’avons pas eu de contact avec elle, cela pourrait éveiller des soupçons. On devrait plutôt élaborer une petite farce. D’ici peu, vous, Mrs Bingley, pourriez dire a Georgie, en présence de quelque domestique, d’avoir vu Miss Bennet se diriger à l’étage supérieur et d’être préoccupée car elle n’est pas encore redescendue. Vous irez à sa chambre pour vérifier et vous, Georgie, en sortirez pour dire qu’elle n’est pas bien et que vous et Mrs Bingley vous relaierez à son chevet. Cela devrait suffire pour aujourd’hui. Dites que vous allez me demander de faire venir notre médecin et venez me chercher ici. Je le convoquerai pour les apparences et lui dirai le minimum pour qu’il concourt à l’histoire. Ensuite on avisera demain lorsqu’on récupérera Miss Bennet pour la ramener discrètement ici. Je viens de penser, peut-être la déguiser, qu’en pensez-vous ?
– Cela me paraît un excellent plan, répondit Bingley.
– Oui, je pourrais lui prêter une robe que j’ai déjà portée durant mon séjour ici, et lorsque je serai dans sa chambre pour soi-disant la veiller, je la raccourcirai un peu pour qu’elle ne paraisse pas trop longue sur Lizzie, avec un châle et une large capote pour cacher nos autres différences, la supercherie devrait fonctionner.
– Très bien, intervint Darcy, mais il faudra faire le maximum pour qu’elle soit vue le moins possible, du personnel de l’extérieur, mais surtout de celui de la maison, qui pourrait se poser des question en voyant « Jane » rentrer, considérant qu’elle devrait être au chevet de sa sœur.
– Je vous aiderai, dit Georgiana à Jane.
– Merci, ma chère.
– Très bien, je vous fournirai un sac pour transporter sa tenue, dit Darcy.
– Mais qui nous garantit que le ravisseur tiendra parole et libérera Lizzie après avoir eu l’argent ? demanda Jane avec anxiété.
Darcy avait espéré que personne ne poserait cette question et il comprit que Bingley pensait la même chose lorsqu’il le vit fermer les yeux en grimaçant en entendant son épouse.
– Personne, mais je surveillerai discrètement les lieux du dépôt de la rançon et je suivrai ce scélérat, dit Darcy.
– Je serai avec vous, mon ami.
Le cours des choses étant décidé, les deux femmes partirent pour mettre en œuvre leur partie du plan, tandis que Darcy demanda à Charles de s’entretenir avec lui pour le mettre au courant de ce qu’il avait tenu secret jusqu’à ce moment.
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