Chapitre 28: le plan de Darcy
La plupart des personnages de cette fiction appartiennent à sa talentueuse auteure : Jane Austen. Cette histoire et les personnages inventés sont cependant ma propriété et selon les droits d’auteur, je n’en autorise aucune reproduction et/ou utilisation, qu’elle soit totale ou partielle.
O&P
Un grand merci à Lenniee pour la relecture de ce chapitre et sa contribution à son amélioration.
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Merci de tout cœur, Jane et Karine, pour votre fidélité et vos derniers commentaires. J’espère ne pas vous avoir fait attendre trop longtemps et que ce chapitre comblera vos espérances!
Guest du Brésil : Merci beaucoup pour votre commentaire, ainsi que de votre intérêt pour ma fiction. Pour répondre à votre remarque, vous avez raison pour le mode d’adresse selon l’étiquette en anglais, mais les Britanniques ont un mode d’adresse différent de celui des Français. J’ai choisi de traduire « your Ladyship » par « Votre/Sa Grâce » comme dans la traduction française de l’œuvre de Jane Austen. De plus, je trouve que cela caricature bien le côté obséquieux de Mr Collins imposant aussi cette appellation à sa famille. J’espère avoir éclairci ce point, ah que, c’est compliqué l’étiquette !
Avertissement : ce chapitre est angoissant.
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La sonate de l’amour
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Il y a des services si grands qu’on ne peut les payer que par l’ingratitude.
– Alexandre Dumas –
Chapitre 28 : le plan de Darcy
Wickham avait beau être un scélérat et un séducteur, il n’aimait pas forcer les femmes, il les préférait consentantes, ce qui n’était jamais très difficile à obtenir grâce à son charme. Pourtant, Elizabeth avait toujours résisté à ses tentatives de séduction, contrairement à ses deux plus jeunes sœurs qui s’étaient pâmées devant lui, et cela l’intriguait beaucoup. La jeune brune était devenue un défi, puis un moyen de vengeance, enfin son ticket de passage vers une nouvelle vie, vers de nouveaux horizons. Il n’était pas idiot, il savait qu’après avoir déserté de la milice et avec toutes ses dettes, c’était la prison qui l’attendrait s’il restait sur le sol anglais. Il avait aussi entendu les récits de certains aventuriers qui avaient fait fortune aux Amériques et maintenant que la guerre anglo-américaine (1) était terminée et qu’il n’y avait plus le blocus de la côte Est par la Royal Navy, c’était là-bas qu’il envisageait de refaire sa vie, mais pour cela il lui fallait de l’argent, alors il avait pensé à son créditeur préféré : Darcy. Et il savait comment le manipuler en s’attaquant à une personne qui lui était très chère avant d’arriver à Pemberley, il avait songé à s’en prendre de nouveau à Georgiana, mais l’opportunité lui avait offert sur un plateau une solution plus aisée, du moins à son avis. Encore quelques heures et il obtiendrait le pécule nécessaire pour s’embarquer à Liverpool vers les Amériques.
O&P
Alors que Wickham rêvait à son futur, Darcy se mit en route avec Bingley. Après leur entretien, ils étaient partis le plus rapidement possible dans les environs de la cabane en laissant juste une note rassurante entre les mains de Mrs Reynolds – que Darcy mit rapidement dans la confidence – à l’attention de Jane et de Georgie au cas où elles découvriraient leur absence avant leur retour avec Elizabeth, enfin si tout allait bien. Ils auraient pu choisir d’attendre la nuit avec quelque espoir que Wickham se serait endormi, mais le risque de laisser Elizabeth plusieurs heures en sa compagnie était trop grand ; d’une part, ce qui était la première de leurs préoccupations et les angoissait le plus était qu’il finisse par lui faire du mal, d’autre part, l’atteinte à sa réputation augmenterait – si sa disparition venait à être découverte – avec le nombre d’heures passées dehors.
Pour gagner du temps ils firent une partie de la route à cheval jusqu’à la deuxième croisée des chemins où ils attachèrent leur monture dans un endroit discret à l’abri des regards, puis ils terminèrent à pied en passant par le bois sans emprunter le sentier. Lorsque la cabane fut en vue, ils s’arrêtèrent et se cachèrent dans un fourré afin d’observer les environs. Ils aperçurent un cheval attaché à une dizaine de yards (2) de la cabane. Il y avait donc quelqu’un.
Darcy se sentait fébrile.
Les deux hommes communiquaient par gestes. Ils attendirent encore quelques minutes sans bouger, puis ils avancèrent tout doucement en se baissant au maximum, s’aidant des hautes fougères et des arbres pour cacher leur progression. Ils approchèrent par l’un des côtés sans ouverture de la construction en bois. Darcy détacha le cheval et le poussa légèrement avec une petite tape sur la croupe afin qu’il s’éloigne sans bruit.
Les deux amis avaient décidé que leur meilleure option serait l’effet de surprise. En effet, s’ils toquaient simplement à la porte, Wickham serait en alerte et se méfierait probablement en demandant qui était là avant d’ouvrir. Darcy avait expliqué à Bingley qu’il y avait deux issues : la porte d’entrée et la fenêtre sur le mur opposé. Les deux hommes avaient convenu de se séparer, le grand brun se dirigea vers la porte tandis que le rouquin alla se poster près de la fenêtre. En se positionnant, Darcy reconnut la voix de Wickham, puis celle d’Elizabeth, apparemment ils n’étaient que deux à l’intérieur. Son cœur s’arrêta un instant de terreur avant de remettre à battre plus vite et plus fort. « Pourvu que tout aille bien et que j’aie fait le bon choix. Ô Seigneur, aidez-moi, aidez-nous ! » pensa-t-il. Il savait que Bingley attendait son signal, alors il prit soin d’écouter attentivement les voix pour essayer de localiser leur propriétaire. La jeune femme devait se trouver sur le lit – enfin, s’il n’avait pas changé de place – Wickham était apparemment près d’elle.
Le moment crucial était arrivé.
Darcy déposa la sacoche contenant la rançon, puis il prit son arme sans tirer le chien vers l’arrière pour ne pas faire de bruit et aussi ne pas risquer qu’un coup parte malencontreusement, tout en priant de ne point avoir à s’en servir. Enfin, il sortit un appeau de sa poche et souffla en alternant note longue et note courte pour imiter le cri de la bécasse. Trois fois comme convenu :
Tswik-pitz, Tswik-pitz, Tswik-pitz.
Puis il enfonça la porte qui n’était pas même verrouillée et entra, tandis que Bingley fracassa un carreau de la fenêtre pour l’ouvrir et sauter à l’intérieur.
Whickham fut figé par la surprise pendant un instant, mais très vite il comprit que deux assaillants, dont Darcy, se ruaient dans la pièce, alors il bondit sur ses pieds et se jeta sur le lit prenant Lizzie pour s’en servir de bouclier. Darcy avait manqué de peu de l’agripper. L’ancien milicien sortit un couteau de sa poche et le plaça sur le cou de la jeune femme dont le sang se glaça dans les veines.
– Pas un geste ou je l’égorge ! déclara Wickham d’une voix ferme.
– Wickham, soyez raisonnable, dit Darcy d’un ton calme qui ne reflétait aucunement son état d’esprit, je suis venu avec l’argent et la montre, tout ce que nous voulons c’est récupérer Miss Bennet saine et sauve.
– Alors pourquoi ne pas avoir pratiqué comme je l’avais indiqué dans ma note ?
– Nous étions très inquiets pour elle, de plus, vous savez très bien que sa réputation aurait été ternie.
– Ah ! sa réputation vous touche donc à ce point ? mais qui vous dit que je n’ai pas déjà goûté à ses charmes, hein Darcy ? le nargua-t-il avec délectation.
Darcy eut un moment de panique à cette idée atroce : que ce vaurien eût pu toucher à son Eliz… à Miss Bennet lui était insupportable, un goût de bile surgit brutalement dans sa bouche en même temps que la nausée. Mais il pensa que peut-être n’était-ce que de la provocation, alors il se força à relativiser la situation. Il avait demandé à Bingley de le laisser parler avec Wickham, connaissant mieux la façon de penser du personnage.
– Je ne savais pas que vous deviez recourir à la force maintenant, vos charmes ne sont-ils plus suffisants pour séduire une femme ? il voulait toucher son ego et le forcer ainsi à avouer qu’il avait menti.
– Ah, mais qui vous dit qu’elle ne fut pas consentante, Darcy ? Pensez-vous vous la réserver à vous seul, hum ? Eh bien sachez que je l’ai ravagée, encore, encore et encore, et vous savez quoi ? elle en a redemandé, dit-il avec une lueur de triomphe dans les yeux.
Bingley, révolté par ce qu’il entendait, fit un mouvement de protestation et voulut exclamer son indignation, mais Darcy lui fit signe non de la tête. Ce dernier essayait de rester lucide face à ces déclarations, Wickham voulait le heurter, c’était évident et il savait très bien que Miss Bennet ne pouvait pas avoir consenti, elle était tout ce qu’il y avait de plus convenable chez une fille de gentleman, elle connaissait la nature de ce scélérat, enfin pourquoi serait-elle attachée ?
Mais pouvait-il l’avoir prise de force ?
Il pouvait lire de l’horreur mêlé d’étonnement dans les yeux de la brune, de plus ses vêtements avaient l’air intacts, aucune déchirure apparente, et puis il n’avait jamais eu vent que Wickham eût jamais forcé une femme, sa signature était la séduction. Malgré cela, il n’était pas serein. Il décida d’essayer de calmer son Némésis et changea de tactique.
– Soit, admettons, mais maintenant voulez-vous cet argent ou pas ?
– Bien sûr que je le veux, ce n’est qu’une bien maigre pitance en regard de ce qui m’est dû, aboya-t-il.
– Alors si nous devenions raisonnables ? proposa Darcy, vous relâchez Miss Bennet et je vous remets la rançon et la montre de mon père, ensuite vous pourrez repartir.
– Et qui me dit que ce n’est pas un piège ?
– Ma parole d’honneur.
– Ah ! l’honneur des Darcy ! toujours et encore ! ricana-t-il. Puis il devint sérieux. Pour commencer mettez vos armes sur le sol et poussez-les avec le pied vers moi, on n’est jamais trop prudent.
Darcy et Bingley s’exécutèrent ne voyant d’autre choix. Wickham força Elizabeth à se baisser avec lui, tout en gardant constamment ses yeux sur Darcy qui était le plus proche de lui. Il rangea son couteau et ramassa rapidement les pistolets, il en plaça un à sa ceinture et garda l’autre à la main. Puis il se leva à nouveau, la jeune fille toujours tenue fermement devant lui.
– Où est la rançon ?
– Dehors dans un sac, à côté de la porte d’entrée.
– Vous n’êtes pas en train de me berner ?
– Non !
– Alors allez le chercher Darcy, vous seul, et gardez la porte ouverte !
Wickham arma le pistolet dans un cliquetis qui glaça le sang de Darcy et le pointa sur la tempe de Lizzie complètement terrifiée. Le grand brun s’exécuta et rapporta le sac.
– Lancez-le sur le lit !
Darcy obéit et Wickham en vérifia le contenu, tout y était.
– Maintenant je vais sortir avec la demoiselle et vous attendrez ici.
– Non ! Miss Bennet reste ici avec nous, protesta Darcy.
– Vous n’avez pas les moyens de discuter Darcy ! De toute façon je ne vais pas m’encombrer de ce fardeau aussi appétissant soit-il, je la relâcherai à l’extérieur.
– Bon très bien, mais si vous ne tenez pas parole, nous vous poursuivrons, Bingley, moi et mes hommes sans relâche et vous finirez au bout d’une corde, dit Darcy avec fermeté.
Wickham recula vers la porte pour garder l’œil sur les deux hommes et entraîna Lizzie avec lui, son bras exerçait une prise sur son cou, elle fut obligée de sautiller à cause de ses chevilles entravées et faillit tomber. Une fois à l’extérieur de la cabane, Wickham parcourut quelques yards en cherchant des yeux sa monture.
– Où est mon cheval ? hurla-t-il mécontent.
Darcy, suivi de Bingley, alla jusqu’à la porte.
– Je pense qu’il s’est enfui, répondit le brun.
– Vous avez voulu me piéger ! accusa Wickham avec rage.
– Non, point du tout, c’était juste une précaution, Darcy essayait de le calmer, nous avons nos montures à un demi-mile d’ici, vous pourrez en choisir une.
– Très bien, finit par dire Wickham après un moment d’hésitation, déliez les pieds de la demoiselle, ensuite passez devant on vous suivra.
Ils parcoururent ainsi en quelques minutes la distance les menant au croisement et aux chevaux. Darcy et Bingley étaient devant sous l’œil attentif de Wickham qui tenait toujours une arme pointée sur Elizabeth.
– Lequel est votre cheval, Darcy ? demanda Wickham qui voyait là une autre façon de l’atteindre, car il savait que Darcy adorait ses chevaux, de plus un bel étalon devait valoir une petite fortune.
– Le blanc, répondit celui-ci en pensant avec tristesse qu’il ne reverrait jamais Pégase.
– Détachez-le ! ordonna Wickham.
Une fois fait, Wickham poussa violemment Elizabeth vers Darcy qui la rattrapa avant qu’elle ne tombât, puis l’ancien milicien sauta agressivement sur Pégase en claquant ses pieds brutalement sur les flancs du fougueux animal qui se cabra et désarçonna l’intrus. Dans sa chute, Wickham appuya sur la détente du pistolet qui était pointé dans la direction de Lizzie.
Darcy, qui comprit en un instant le danger au moment où il vit Pégase se rebeller, pivota pour protéger la jeune femme de son corps. De sa vue latérale, il aperçut la lumière de la poudre qui s’enflammait, tout en sentant l’odeur âcre et sulfurée caractéristique de sa combustion. Au même instant il ressentit une vive douleur lorsque la balle pénétra dans sa chair. La dernière chose qu’il entendit avant de s’effondrer furent deux voix qui crièrent.
– NON ! Mr Darcy, NON ! PAS ÇA !
– DARCY ! Oh mon Dieu !
Chapitre 29 à venir
Ah, je sais, encore une fin de chapitre en suspens et dans le suspense! 😉 😁
Que va-t-il advenir de Darcy? de Wickham? Des idées?
Notes :
(1) La guerre anglo-américaine de 1812 déclarée par les États-Unis au Royaume-Uni, a duré entre juin 1812 et février 1815. Cette guerre est aussi connue sous les noms de guerre de 1812 et de seconde guerre d’indépendance.
(2) Environ 10m
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