Chapitre 32: La sonate de l’amour (partie 2)

La plupart des personnages de cette fiction appartiennent à sa talentueuse autrice : Jane Austen. Cette histoire et les personnages inventés sont cependant ma propriété et selon les droits d’auteur, je n’en autorise aucune reproduction et/ou utilisation, qu’elle soit totale ou partielle.

O&P

Nous voici à la fin de ce 1er tome, je vous remercie tous du fond du cœur d’avoir lu (même en « silence »), commenté, préféré et/ou suivi cette fiction que j’ai écrite durant une année. J’ai beaucoup apprécié les échanges que j’ai eus avec certaines d’entre vous 😍 cela m’a beaucoup encouragée à poursuivre l’écriture de cette fiction. .Je tiens à remercier particulièrement  Lenniee qui m’a aidée à pister les erreurs.

AdAtc: eh oui les Bingley en entremetteurs, j’ai pensé que ça changerait un peu.

Karine: vous avez raison pour « La critique de la raison pure » qui n’a pas fini de faire parler d’elle 😉 et pour « Raisons et sentiments » qui est en effet, l’un de mes livres préférés de Jane Austen. Quant à la suite, je pense et j’espère vous surprendre encore un petit peu… 😁

Lorelei : je suis désolée de t’avoir fait attendre, ce n’est pas du sadisme de ma part, mais la vie réelle…

LSY🌺


La sonate de l’amour

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Nul obstacle n’inquiète l’amour, nul effort ne l’épouvante; il tente plus qu’il ne peut, car il ne connaît rien d’impossible. L’amour croit en sa force, et que tous les succès lui sont assurés.

– Charles Nodier –

Chapitre 32 – 2ème partie : La sonate de l’amour

Dès que Darcy aperçut Lizzie, son cœur se serra, sa gorge se noua, ses sentiments remontèrent à la surface avec force et vengeance. Il ne savait pas qu’elle se trouverait là et il se demanda si elle éprouvait toujours de l’amour envers lui, ou bien avait-elle fini par l’oublier ? Il se raisonna en sachant qu’il ne pouvait la demander en mariage. Quand il s’approcha d’elle pour la saluer, il fut sidéré du changement de la jeune femme, elle avait perdu sa bonne mine, ses yeux étaient cernés, elle avait visiblement maigri et surtout, il n’y avait plus cette étincelle, cette espièglerie qui animaient ses beaux yeux. Il y vit une succession d’un autre genre d’émotions après l’étonnement : peine, chagrin, tristesse. Il avait appris par Georgiana qu’elle avait eu une mauvaise grippe, mais il sentait qu’il y avait autre chose, mais quoi ? Qu’est-ce qui pouvait expliquer cette altération ?

Quand Lizzie aperçut Darcy, son cœur se serra, sa gorge se noua, ses sentiments remontèrent à la surface avec force et vengeance. Mais lorsqu’il s’approcha, elle remarqua que le jeune homme avait l’air encore plus sombre et plus grave que lorsqu’elle avait fait sa connaissance dans le Kent. Immédiatement elle pensa que c’était à cause de la disparition du colonel Fitzwilliam, car quoi d’autre pouvait expliquer son humeur si morose ? Elle ressentit alors de la peine, du chagrin et de la tristesse.

– Bonjour Lizzie, dit Georgie en enlaçant brièvement son amie, quelle surprise ! je suis si heureuse de vous revoir.

– Bonjour Georgie, vous aussi, vous m’avez manqué. Bonjour Mr Darcy.

– Bonjour Miss Bennet. Georgiana m’a appris que vous aviez été souffrante, vous portez-vous mieux ? demanda-t-il sincèrement concerné.

– Oui, je vous remercie, je vais mieux maintenant, et vous, comment vous portez-vous ? demanda Lizzie tenant les deux mains de Georgiana, mais en regardant le frère et la sœur alternativement.

– Bien, je vous remercie, répondirent en chœur les Darcy.

– Je n’étais pas au courant que vous étiez à Londres, ajouta Darcy.

Lizzie ne réussit pas à discerner à partir du ton de sa voix, s’il était aussi accablé qu’elle ou s’il en voulait aux Bingley… un peu comme elle.

– Mon voyage ici a été plutôt soudain, effectivement.

Lizzie et Darcy s’observèrent quelques instants dans un silence gauche. Chacun soumis à un tourbillon d’émotions qui les emportait, mais ils n’osaient ni les exprimer ni les montrer.

– Je vous en prie installez-vous, dit Charles voulant les délivrer de leur embarras.

– Le dîner va bientôt être servi, ajouta Jane avec un petit sourire presque contrit.

Ils entamèrent les discussions habituelles autour du beau temps actuel, de la famille. Les Darcy étaient descendus à Londres pour être avec les Fitzwilliam, car Lady Claire était tombée très malade, la disparition de son fils cadet et les dernières nouvelles reçues en août avaient fortement pesé sur sa santé, et ils avaient craint le pire. Fort heureusement, son état s’était nettement amélioré depuis quelques jours. Lizzie avait raté la dernière lettre de Georgiana qui était arrivée à Longbourn alors qu’elle venait d’en partir, voilà pourquoi elle ignorait ces faits.

Georgie vint s’asseoir près de Lizzie et son frère prit place dans un fauteuil à gauche de Georgie. Darcy était déchiré entre son souhait d’être juste à côté de la femme de sa vie – afin de pouvoir profiter de sa présence, parler avec elle – et son désir de supprimer toute tentation inutile, enfin, à quoi bon se torturer ? Il ne put toutefois se refuser la chance de pouvoir la regarder subrepticement, et la position de son siège lui permettait juste cela. Ces dernières semaines écoulées depuis son départ de Pemberley avaient été un calvaire, mais être de nouveau en sa présence était pire que d’être affamé devant une table couverte de délices sans avoir le droit d’y goûter. La poursuite de la conversation fut surtout centrée sur les Bingley qui parlèrent surtout des changements qu’ils envisageaient de faire à Roses Manor.

Enfin le repas fut annoncé, les convives s’installèrent dans la petite salle à manger ; ils échangèrent leur point de vue sur des sujets de conversation divers y compris la crise économique qui sévissait à cause de la dette colossale laissée par les guerres napoléoniennes. Le comité était suffisamment restreint pour permettre à chacun de participer à chaque thème avec tous sans parler à quelqu’un en particulier, ce qui arrangeait bien deux des invités : Lizzie et Darcy qui osaient à peine se regarder. La séparation des sexes après le dîner fut omise avec l’accord de tous les participants. Ils se rendirent donc au salon où Georgiana obligea ses hôtes en jouant une pièce de musique. Les Bingley s’arrangèrent pour laisser Lizzie et Darcy assis l’un à côté de l’autre. Après un moment de silence pesant, tandis que Georgiana fouillait parmi les partitions à disposition, Darcy n’y tint plus et engagea le dialogue.

– Resterez-vous encore longtemps à Londres, Miss Bennet ?

– Environ une dizaine de jours, je suppose, répondit-elle sur un ton neutre.

– Tout dépendra des derniers détails à régler pour nous rendre à Roses Manor, intervint Charles.

– Vous accompagnerez donc les Bingley dans le Nord ? demanda Darcy fébrilement en la regardant.

– Non. Et vous, resterez-vous longtemps en ville ? demanda Lizzie avec une légère appréhension.

– Rien n’est encore fixé, nous repartirons lorsque ma tante se sentira définitivement mieux.

– Je souhaite de tout cœur que sa santé s’améliorera promptement, votre famille a déjà traversé suffisamment de tourments, dit-elle en regardant Mr Darcy avec sincérité.

– Je vous remercie. Dieu vous entende, Miss Bennet, répondit-il tristement.

Puis ils se turent pour écouter Georgiana. Après quelques minutes, Darcy ne put résister à la tentation plus longtemps et s’adressa de nouveau à Lizzie presque dans un murmure, les discussions avec la jeune femme lui avaient tellement manqué.

– Quel livre avez-vous lu dernièrement ? lui demanda-t-il en la gratifiant de l’un de ses intenses regards.

Lizzie prit quelques instants avant de répondre se demandant s’il voulait peut-être faire allusion au livre de Kant qu’il lui avait donné.

– J’ai lu des livres de philosophie tantôt, répondit-elle vaguement.

Darcy se demanda si elle voulait parler du livre qu’il lui avait donné et se sentit à la fois affecté et gêné, à cause du mot qu’il avait écrit. La curiosité l’emporta toutefois, car il mourrait d’envie de savoir.

– Et qu’avez-vous pensé de « La critique de la raison pure » ?

– Vous assumez donc que j’ai lu votre livre, Mr Darcy, ne put-elle s’empêcher de le taquiner un peu, mais tristement, cependant.

– Loin de moi toute présomption vous concernant, Miss Bennet, répondit-il avant de penser : « naguère, je me suis déjà bien fourvoyé quant à vos sentiments. »

– Tout comme l’esprit humain, les méandres de la philosophie sont à la fois riches et complexes, en y recherchant la vérité je n’ai trouvé qu’incertitude, dit-elle de façon cryptique laissant Darcy perplexe sur le sens caché de ces mots.

– Savoir la vérité peut être aussi dangereux que salvateur, dit-il pensant qu’elle faisait peut-être allusion à ses sentiments envers elle. Savoir qu’il l’aimait encore alors qu’il ne pouvait suivre son cœur était effectivement à double tranchant pour la jeune femme si elle continuait à arborer des sentiments envers lui présuma-t-il, alors il ajouta : cela pourrait compromettre toute chance de connaître le bonheur.

Darcy voulait ainsi lui signifier qu’il fallait qu’elle trouve ailleurs le bonheur qu’avec lui, si tant est qu’elle l’aimât encore, même si ces mots lui brisaient le cœur. Si tel était bien le cas, il devait libérer Elizabeth, il regrettait tellement d’avoir écrit ce mot, forever, cela avait été impulsif, stupide et égoïste.

– Mais le bonheur n’est pas qu’une question de chance, Mr Darcy, il ne se trouve pas par hasard comme une pièce égarée sur le bord d’un chemin il se mérite, il demande persévérance et labeur.

Il n’eut pas l’opportunité de méditer sur ces dernières paroles prononcées avec une certaine amertume, car Georgiana vint les rejoindre, il n’avait même pas remarqué qu’elle avait fini de jouer sa pièce de musique.

– Vous nous avez ravis, Georgiana, votre talent ne cesse de grandir, dit Lizzie admirative.

– Je ne mérite pas tant d’éloges, répondit la jeune fille en rougissant, voudriez-vous interpréter un morceau ou chanter pendant que je joue ?

– Je suis désolée, mais je me vois obligée de décliner, mon amie, car je me sens très fatiguée. Je ne suis pas encore tout à fait remise de ma grippe, et s’adressant à tous elle déclara en se levant, d’ailleurs si vous me le permettez, je vais me retirer pour aller me reposer.

Tout le monde suivit son acte et se leva.

– Oh, bien sûr ! Je vous en prie Elizabeth !

– Certainement, Miss Bennet, nous vous souhaitons un excellent repos, ajouta Darcy, à la fois inquiet et déçu.

– Je vous accompagne Lizzie, dit Jane, concernée.

– Non, Jane, ne vous donnez pas la peine, je vous assure ! Restez auprès de vos invités, répondit Lizzie avec un sourire forcé après une petite révérence pour faire ses adieux, ne faisant plus confiance en sa voix, elle se dirigea vers la porte.

Ce n’était bien sûr qu’un prétexte afin de ne pas perdre la face, car si elle ne se sentait pas très bien, ce n’était point à cause des suites de sa maladie. Dès qu’elle arriva dans sa chambre elle se jeta sur le lit sans plus de cérémonie et se mit à pleurer à chaudes larmes. Avoir revu l’homme qu’elle aimait avait ravivé des douleurs insupportables et les tourments d’un amour impossible. Mais pourquoi diable sa douce Jane et Charles lui avaient infligé cela ? Elle avait pourtant fini par confier à sa sœur peu après son arrivée qu’elle éprouvait toujours des sentiments envers Mr Darcy. Espéraient-ils le faire changer d’avis ? Pourtant ses dernières paroles laissaient bien entendre qu’elle devait l’oublier afin de trouver le bonheur ailleurs, elle avait parfaitement compris. Et c’est d’ailleurs ce qu’elle avait commencé à faire… avant ce dîner !

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Juste après le départ des Darcy, les Bingley commencèrent à douter de leur interférence, mais il était encore trop tôt pour en juger de manière définitive, il fallait laisser le temps de la réflexion à Darcy.

– N’avons-nous pas commis une grave erreur, mon chéri ? demanda Jane en prenant la main de son époux.

– Je ne pense pas mon ange, répondit-il en lui caressant la joue tendrement. Je suis sûr que Darcy va réagir. J’ai bien remarqué ses regards à la fois inquiets et languissants envers Lizzie. D’ailleurs, il n’a pu s’empêcher de lui parler alors que sa sœur jouait du pianoforte.

– J’espère que vous avez raison Charles, car Lizzie a été très affectée et j’ai bien peur qu’elle ne soit maintenant dans un pire état qu’à son arrivée. Je suis vraiment très inquiète, je dois aller la voir.

Jane retrouva donc Lizzie. Cette dernière était assise sur le rebord de la fenêtre les bras resserrés autour de ses genoux, son menton reposait dessus, son regard était perdu dans le vide. Elle releva la tête à l’entrée de sa sœur.

– Lizzie, comment vous portez-vous ? demanda Jane doucement en entrant dans sa chambre et apercevant ses yeux rouges.

– Ooh Jane ! Pourquoi ? répondit Lizzie en éclatant en sanglots. Elle enfouit son visage dans ses genoux.

Jane s’approcha et enlaça sa sœur dans ses bras, puis la caressa affectueusement.

– Lizzie, tout n’est pas encore perdu. Mr Darcy vous a parlé et avec un grand intérêt.

Mr Darcy … était … toute politesse … dit-elle en hoquetant.

– Charles et moi, pensons que c’était bien plus que cela. N’oubliez pas que Mr Darcy est quelqu’un de très réservé.

– Quand bien même, c’est un homme de grande détermination et loyauté, il ne changera pas d’avis, statua-t-elle en pensant à ses dernières paroles. Tout ceci était fort inutile.

– Je sais que vous pensez que nous avons eu tort en organisant ce dîner, mais laissez-lui le temps de la réflexion. Et puis, n’étiez-vous pas heureuse de revoir Georgiana ? demanda Jane pour détourner l’esprit de sa sœur vers un sujet plus heureux.

– Oui, bien sûr ! j’étais ravie, elle m’a sincèrement manqué.

O&P

Un peu plus loin dans Londres, une autre discussion fraternelle avait lieu.

– J’étais si heureuse de revoir Lizzie, mais elle n’avait pas l’air fort en santé. Dans sa lettre elle m’avait pourtant informé qu’elle n’avait eu qu’un simple refroidissement et qu’elle allait beaucoup mieux. Je suis très inquiète à son sujet Fitzwilliam, qu’en pensez-vous ?

– Il est vrai qu’elle n’a pas très bonne mine, mais je suppose qu’elle va mieux sinon elle n’aurait pas fait le voyage depuis Longbourn jusqu’ici, alors il est inutile de vous alarmer ma colombe, répondit-il pour convaincre autant sa sœur que lui-même.

– Je trouve qu’elle avait parfois un regard si triste, même si elle cherchait à le cacher, dit Georgie.

Darcy resta muet à cette remarque, il avait pourtant fait le même constat.

La jeune Darcy avait été capable de lire dans les yeux de Lizzie la même mélancolie qu’elle voyait régulièrement dans ceux de son frère qu’elle n’avait jamais vu aussi triste, sombre et visiblement malheureux. Mais que s’était-il bien passé entre eux ? Cela faisait plusieurs semaines que la jeune fille se posait la question et n’avait rien pu tirer de son frère qui s’était enfermé dans le silence. Le mystère restait entier, pourtant elle avait cru que son plan avait fini par fonctionner à Pemberley. Il était visible que par moment, une grande complicité s’était établie entre les deux. De voir son frère aussi morose, donna à Georgiana le courage d’aborder le sujet. Elle en avait assez d’être maintenue dans l’ignorance, elle n’était plus une petite fille.

– William, …l’aimez … l’aimez-vous toujours ? demanda nerveusement Georgiana en l’appelant par son diminutif. Elle se mordit la lèvre.

– Georgie, je … la question n’a plus d’importance, dit-il un peu sèchement en levant une main de dépit avant de se lever et de se diriger vers la fenêtre pour observer les carrosses qui passaient dans la rue éclairée par la lumière blafarde des lampadaires à gaz récemment installés dans la capitale. Y avait-il dans l’un d’eux un couple heureux qui se rendait au théâtre ou à l’opéra ? se demanda-t-il.

Georgiana savait reconnaître lorsque son frère la congédiait et c’était le cas.

– Très bien Fitzwilliam, alors je vais me retirer et vous laisser à votre réflexion, dit-elle sur le même ton, bonne soirée.

Darcy se retourna étonné et regarda sa sœur s’éloigner, c’était la première fois qu’elle osait lui montrer un tel mécontentement. Tout semblait lui échapper. Il était en pleine confusion et il commença à arpenter la pièce de long en large comme un fauve en cage en se passant les deux mains dans les cheveux. L’expression et la frêle apparence de Miss Elizabeth le hantaient, de même que la tristesse et le chagrin qu’il avait aperçus dans ses beaux yeux sombres, l’espace d’un instant. Et puis ses paroles l’obsédaient : « Mais le bonheur n’est pas qu’une question de chance, Mr Darcy, il ne se trouve pas par hasard comme une pièce égarée sur le bord d’un chemin il se mérite, il demande persévérance et labeur. » Maintenant il avait tout le loisir de méditer à leur propos. Se pouvait-il qu’elle eût pu l’aimer encore aussi profondément qu’elle l’avait déclaré il y a quelque temps ? Lui reprochait-elle de ne pas avoir assez lutté pour leur amour ? d’avoir choisi la loyauté envers son cousin disparu plutôt que l’amour envers une femme qui, elle, était bien vivante ? Il devait savoir et pour cela il devait voir Charles et essayer d’en apprendre davantage.

Dès le lendemain matin et un peu avant l’heure polie du début des visites, afin d’être sûr de pouvoir lui parler seul à seul, Darcy retrouva Bingley dans son bureau. Il n’avait pas fermé l’œil de la nuit, rongé par le remords de faire souffrir la femme qu’il aimait. Alors il ne perdit pas de temps avant d’aborder le sujet qui le préoccupait juste après avoir salué brièvement son ami qui l’invita à s’asseoir.

– Je ne savais pas que Miss Bennet avait été aussi malade, elle me paraît encore si…

– Éteinte ?

– Oui, c’est exactement cela ! N’est-elle point guérie de son mal ? demanda-t-il la voix visiblement troublée.

– De sa grippe, oui, mais il est d’autres maux dont ne guérit pas si facilement, répondit Charles de façon énigmatique. Il était satisfait intérieurement que le plan fonctionnait, Jane allait être ravie.

– De quel autre mal est-elle donc atteinte ? demanda Darcy la voix étranglée d’angoisse.

– Vous ne comprenez donc pas, n’est-ce pas ? questionna Bingley de façon rhétorique.

– Non ! Charles que voulez-vous dire, elle n’est pas mourante ?! s’écria le brun paniqué.

– Non, quoique … ce mal peut tuer à petit feu… dit Charles emphatiquement en ménageant le suspense pour pousser Darcy dans ses derniers retranchements.

– Je vous en conjure, Charles, dites-moi la vérité ! rugit Darcy impatient qui s’était levé de sa chaise.

– Je ne connais pas tous les détails de votre histoire avec ma belle-sœur, Darcy, mais je sais qu’Elizabeth vous aime – c’est Jane qui me l’a dit – et je pense que vous l’aimez aussi, alors pourquoi ne pas laisser votre rang de côté, que diable ! et la demander en mariage ?

– C’est impossible !

– Allez-vous laisser votre orgueil et votre fierté…

– Non, vous ne comprenez pas, Charles ! l’interrompit-il, ce n’est pas une question de rang ou de fortune … la raison en est que … il fit une pause et prit une grande inspiration, le colonel Fitzwilliam l’aime aussi et il lui avait demandé de réfléchir à une offre de mariage qu’il lui aurait faite à … à son retour… et comme vous le savez il… il n’est point encore revenu et… et…

– Ah ! je vois. Votre loyauté envers votre cousin, ou plutôt envers sa mémoire, vous …

– Ne dites pas cela Bingley ! s’exclama-t-il en secouant la tête. Il est peut-être encore vivant, blessé quelque part…

– Darcy ! Soyez raisonnable, dit Bingley gentiment, il se leva pour rejoindre son ami et lui posa une main sur l’épaule, cela fait plus de trois mois maintenant qu’il a disparu et quelqu’un aurait signalé, depuis, s’il avait trouvé un officier blessé de l’armée de Sa Majesté.

– Peut-être est-il séquestré… ses épaules fléchirent.

– Admettons, mais cela ne change rien au fait qu’Elizabeth vous ait choisi, vous, de plus elle n’était pas fiancée au colonel et elle est donc libre d’épouser qui elle souhaite. Darcy, dit Charles en le regardant droit dans les yeux, voulez-vous sacrifier le bonheur de la femme que vous aimez et qui vous aime sur l’autel de la loyauté envers un fantôme ? Désirez-vous la condamner à une vie sans amour ? J’ai failli faire l’erreur de laisser mon devoir envers ma famille m’empêcher d’épouser la femme de mes rêves et je n’avais jamais été aussi malheureux de ma vie que durant cette période où je m’étais éloigné d’elle pour faire plaisir à mes sœurs. Et si j’avais su que Jane avait souffert au moins autant que moi, je n’aurais pas attendu trois mois avant d’aller la retrouver. Maintenant vous n’avez plus l’incertitude d’être le réceptacle de l’amour d’Elizabeth, alors qu’attendez-vous ? Je suis sûr que votre cousin n’exigerait pas un tel sacrifice de votre part, termina-t-il en serrant l’épaule de son ami.

Darcy resta silencieux pendant quelques instants en regardant son ami.

– Vous avez vraiment grandi Bingley ! Nos rôles se sont inversés, car c’est vous maintenant qui me donnez des conseils, il ne put s’empêcher un léger sourire, mais dites-moi c’était un plan, n’est-ce pas ?

Charles se contenta de sourire tout en relâchant Darcy.

En fait ce furent les paroles de Lizzie qui l’avaient poussé à prendre une décision, il s’était dit : « le bonheur se mérite et je vais tout faire pour le conquérir ». Sa discussion avec Bingley n’avait été qu’un soubresaut de ses réticences déjà vacillantes. Il n’avait cherché que la confirmation de Charles quant aux sentiments d’Elizabeth à son égard, mais il voulait être sûr et l’entendre de la bouche de la principale intéressée. Alors Darcy demanda l’aide de Charles pour arranger un entretien avec elle en lui promettant d’éclaircir les choses entre eux. Celui-ci se fit une joie de satisfaire à sa demande et envoya Darcy dans la salle de musique où Elizabeth jouait du pianoforte. Bingley connaissait très bien son ami, qu’il espérait pouvoir tantôt appeler son beau-frère, et il savait parfaitement que ses conseils n’auraient pas été suivis si ce dernier n’avait pas déjà été convaincu de vouloir faire un pas décisif.

Après avoir revu Mr Darcy la veille et une mauvaise nuit, Lizzie voulut se calmer l’esprit en jouant de la musique. Elle était encore trop fragile pour aller se promener dans Hyde Park proche du domicile des Bingley. Elle se mit donc à jouer une certaine sonate de Beethoven qu’elle avait entendue interpréter par un certain gentleman du Derbyshire en août dernier. Elle avait commencé à l’apprendre dès son retour de Pemberley. Une façon de rester connectée avec l’homme qu’elle aimait.

Yundi – Beethoven, Adagio Cantabile (from Sonata Pathétique No. 8, op. 13

En se dirigeant vers la salle de musique, Darcy entendit d’abord des notes lointaines et ténues, puis au fur et à mesure qu’il s’approchait elles se firent plus distinctes et son cœur s’arrêta un instant lorsqu’il reconnut… cette sonate… Il poursuivit sa progression, son cœur martelait sa poitrine, chacune des notes faisant vibrer davantage tout son être. Il se remémora ce soir de plein été à Pemberley lorsqu’Elizabeth l’avait surpris à jouer ce même morceau. Cette fois la situation était inversée, se pouvait-il qu’elle jouât cette mélodie en souvenir de ce moment particulier, en souvenir de lui ? À cette idée, l’émotion le transcenda. Il ouvrit délicatement la porte, le cœur palpitant, les mains moites. Il aperçut la jeune femme de dos, son corps se balançait avec grâce au rythme de la musique. Elle portait une robe verte et un châle assorti. Il s’approcha à pas de loup, il vit des boucles rebelles échappées de son chignon qui caressaient sa nuque, il aurait aimé passer sa main pour les toucher et frôler sa peau par la même occasion… Bien sûr, il ne le ferait pas, mais… peut-être que si elle acceptait sa main, cette fois-ci, il pourrait s’adonner à sa fantaisie, un jour prochain. Il s’arrêta à un yard d’elle, ne souhaitant pas briser le charme.

Cependant, Lizzie sentant une présence s’interrompit et se retourna en pivotant sur son siège.

– Oh, Mr Darcy ! je ne savais pas que vous étiez là ! s’exclama-t-elle, gênée, en se levant pour faire une petite révérence.

– Bonjour Miss Bennet, vous jouez magnifiquement cette sonate, dit-il avec un certain sous-entendu.

– Je vous remercie, mais pas aussi bien que vous… remarqua-t-elle en rougissant légèrement et avec un sourire triste.

– Bingley m’a dit que je pouvais vous trouver ici, dit-il changeant de sujet pour le porter sur ce qu’il désirait savoir.

– Mais les convenances… murmura-t-elle perplexe. Que lui voulait Mr Darcy ?

– Oublions l’étiquette pour une fois, ce que j’ai à vous dire est très important et… confidentiel, dit-il l’air nerveux.

– Très bien, je vous écoute, monsieur, dit-elle incertaine.

Darcy retraça ses pas en toute hâte et ferma la porte qu’il avait laissée entre-ouverte. Ce moment délicat ne pouvait être dérangé par personne. Il revint vers la jeune femme avec la même vitesse et s’arrêta à la même distance qu’avant. Il la regarda pendant quelques instants, rassemblant son courage.

– Miss Bennet, je… Charles… s’embrouilla-t-il, enfin, vous êtes bien trop généreuse pour vous jouer de moi, un seul mot de vous suffira à me faire taire et je n’aborderai plus jamais le sujet, il s’approcha d’elle d’un pas tout en la regardant dans les yeux avec ferveur. Je voudrais savoir si la nature de vos sentiments envers moi a changé depuis, … depuis ce fameux jour où vous avez déclaré…

– Vous aimer ? demanda Lizzie qui voyait ses difficultés à s’exprimer à cause de l’évidente émotion qui l’habitait à cet instant. Mais pourquoi revenir sur ce sujet si douloureux ? aurait-il quelque regret ? La jeune femme sentit son cœur s’accélérer brusquement et sa gorge se serrer à l’évocation de sentiments profondément ancrés.

– Oui, c’est bien ce dont je voulais parler, il avança encore d’un pas, ils se touchaient presque.

– Pourquoi revenir sur ces tourments ? cette fois-ci elle n’était pas prête à exposer de nouveau, et si facilement, son cœur surtout après ce qu’il avait dit la veille, cela pourrait compromettre toute chance de connaître le bonheur, en effet.

– Elizabeth, pria-t-il informellement, loin de moi l’idée de vous tourmenter davantage, mais je dois savoir, c’est de la plus haute importance, je vous en prie.

Le si conventionnel Mr Darcy, qui était si fidèle au respect de la bienséance, la priait et l’appelait par son prénom ? c’était aussi extraordinaire que singulier. Lizzie l’observa attentivement et sentit que c’était vital de lui répondre sincèrement. Pourtant, sa fierté l’empêchait encore de lui parler honnêtement.

– Cela ne vous regarde point, dit-elle en serrant les lèvres.

– Elizabeth, je vous en conjure, répondez-moi… je vous en supplie, il tendit la main pour prendre la sienne, pourtant il n’acheva pas son geste.

Elle l’observa quelques instants, elle sonda ses yeux, ne dit-on pas qu’ils sont le miroir de l’âme ? et ce qu’elle y trouva la bouleversa : amour, espoir, angoisse, supplique. L’intensité des émotions qu’elle voyait était presque insupportable, elle faillit détourner le regard afin de ne plus être transpercée jusqu’au cœur par le sien. Alors elle commença à espérer, peut-être… non, elle n’osa pas encore le formuler. Devait-elle laisser sa fierté se mettre en travers ? Entre la loyauté de Darcy envers le colonel et sa propre fierté, l’amour avait été bien malmené. Elle l’observa encore indécise, il avait l’air comme un accusé qui attendait sa sentence. C’était intimidant de se dire que l’on possédait un tel pouvoir sur un homme tel que Mr Darcy. Pourtant, il avait peut-être finalement renoncé à la loyauté qui le liait à son cousin, alors elle devait faire un pas, elle aussi, pour le savoir.

– Pensez-vous que je sois aussi frivole ? Que mon amour pour vous était si peu profond qu’il se serait déjà éteint ? commença-t-elle par lui reprocher, mais sur un ton doux. Non, la réponse à votre question est non, la nature de mes sentiments envers vous n’a absolument pas changé depuis ce fameux jour, Mr Darcy, finit-elle un tremblement dans la voix.

Darcy se jeta alors à ses pieds prenant la jeune femme par surprise.

– Oh ! Elizabeth, je vous demande pardon !

– Mais pour quelle raison ? demanda-t-elle ébahie.

– Pour tout le mal que je vous ai fait endurer ces dernières semaines.

– Que voulez-vous dire ? Je ne comprends pas ! Mais je vous en prie, Mr Darcy, relevez-vous !

– Je me suis montré si égoïste ! Aveuglé par ma loyauté envers mon cousin, j’en avais oublié l’essentiel : vous, Elizabeth ! il resta à genoux.

– Dois-je comprendre que vos sentiments à mon égard sont inchangés, mais que vos intentions envers moi ne le sont pas ? demanda Lizzie d’une voix murmurée pleine d’espoir tout en s’asseyant sur le tabouret devant le piano, car ses genoux étaient devenus trop instables et aussi pour se retrouver au même niveau que le jeune homme.

– En douteriez-vous ? demanda-t-il en observant ce que son visage trahissait. Mais comment pourrais-je vous blâmer ? après toutes les fautes et les erreurs que j’ai commises, dit-il d’un air contrit, puis il changea d’expression, invitant tout l’amour qu’il ressentait à se révéler dans ses yeux comme deux fenêtres sur son cœur. Vous seule avez su percer mon âme et toucher mon cœur, irrésistiblement, irrévocablement et pour toujours… forever. J’ai erré comme une âme en peine depuis le mois de mai, mais dès que je suis près de vous je me sens revivre. Vous êtes la flamme qui manque à ma vie, la lumière qui me fait défaut, l’étincelle qui égaye mon cœur. Pourtant et avant tout, c’est votre bonheur que je veux assurer et je passerai ma vie entière à vous rendre heureuse et à essayer de me faire pardonner tous mes manquements, car en tant que femme exceptionnelle que vous êtes, vous ne méritez pas moins. Mes sentiments à votre égard sont encore plus forts, charmante et très chère Elizabeth, je vous aime ardemment … je vous… je vous adore, répondit-il en la regardant intensément, puis il prit l’une des mains de la jeune femme entre les siennes, alors accepteriez-vous de faire de moi le plus heureux des hommes en consentant à devenir ma femme ? demanda-t-il avec une certaine appréhension de la réponse.

Lizzie était bouleversée par ces aveux, par ce discours qui n’était en rien comparable à celui qu’il avait prononcé en mai dernier. Son cœur galopait comme un cheval indompté, sa poitrine lui semblait être contrainte et elle avait du mal à respirer, elle avait la bouche sèche et la gorge nouée. Elle sentait des larmes lui piquer les yeux et le nez. Cependant, une inquiétude traversa son esprit.

– Ne le regretterez-vous pas ? demanda-t-elle encore incertaine, car je ne supporterais pas un changement d’avis, je ne suis pas prête à revivre… elle s’interrompit un instant, étranglée par l’émotion au souvenir de ce qu’elle avait enduré ces derniers temps, puis elle reprit, cela me briserait.

– Jamais ! répondit-il avec conviction en secouant fermement la tête.

– Même si … même si le colonel revenait un jour ? murmura-t-elle le cœur battant.

– Non, affirma-t-il sans aucune hésitation en plongeant son regard dans le sien.

– Alors c’est d’accord, sa voix était à peine audible.

– Vous acceptez ma main ? il voulait être sûr que ces paroles n’étaient pas simplement le fruit de son imagination, en croyant entendre l’expression de ses propres désirs.

– Oui, Mr Darcy, j’accepte de devenir votre épouse, répondit-elle avec plus de force et avec un grand sourire.

– William, appelez-moi William, dit-il reprenant sa respiration qu’il n’avait pas eue conscience de retenir. Les yeux brillants d’émotion, il porta la main d’Elizabeth à sa bouche pour l’embrasser avec révérence.

– Très bien William, elle comprenait parfaitement bien pourquoi il ne lui avait pas demandé de l’appeler par son prénom entier et elle ajouta avec malice, inutile de vous donner la permission de m’appeler Elizabeth puisque vous avez déjà pris cette liberté, William. Toutefois… ajouta-t-elle avant de faire une pause, le regard pétillant, je peux vous permettre de m’appeler Lizzie !

Il se mirent à rire doucement, appréciant chacun le son du rire de l’autre, puis elle ajouta encore :

– William, vous n’aurez pas à passer votre vie entière à vous faire pardonner, car vous l’êtes déjà.

– Vous êtes bien trop généreuse, Elizabeth… Lizzie.

Darcy tenait la main de Lizzie entre les siennes, elle était si petite mais si précieuse. Le contact direct de la peau contre la peau était si électrisant. Ils se figèrent. Le son si doux de son propre prénom prononcé avec tant d’amour par l’autre était si délicieux à entendre. Ils noyaient leurs regards brillants l’un dans l’autre, la couleur chaude et veloutée du chocolat se mêlant à celle profonde et fascinante de l’océan pour former une mer d’amour et d’émotions. Irrésistiblement attirés l’un par l’autre, ils rapprochèrent chacun leur visage jusqu’à ce que les fronts vinssent se toucher. Ils restèrent ainsi durant quelques secondes, humant la fragrance de l’autre. Puis ils s’écartèrent pour mieux admirer le visage de l’autre. Le jeune homme lâcha la main de la jeune femme pour venir encadrer ses joues délicatement comme l’objet le plus rare et inestimable qu’il eût jamais tenu entre ses mains. Il commença à effleurer chacun de ses traits avec la pulpe de ses doigts : les joues, les sourcils, le nez, mémorisant chaque détail.

Pour Elizabeth, la sensation était comme un papillon qui venait la caresser de ses ailes. Chacun de leur cœur et chacune de leurs respirations s’accéléraient. Leurs regards étaient verrouillés l’un dans l’autre. Lizzie fut étonnée que la touche d’un homme pût être aussi légère et délicate, mais en même temps si troublante. C’est alors que Darcy glissa ses pouces sur les lèvres de sa fiancée pour en dessiner les contours avec convoitise, puis sa touche devint plus appuyée, plus sensuelle. Lizzie rompit brièvement le contact visuel pour porter ses yeux sur les lèvres de William qui le remarqua, alors il posa sa question silencieusement d’un simple regard assombri par le désir lorsque Lizzie se plongea à nouveau dans ses prunelles, elle ferma alors les paupières en signe d’acquiescement. Ne se faisant pas prier davantage, il répondit à son invitation et il s’approcha jusqu’à ce que ses lèvres vinssent effleurer celles de sa fiancée. Le premier contact envoya des frissons dans tout son corps, la bouche de Lizzie était si douce et charnue, il en avait tant rêvée depuis si longtemps au sens propre comme au figuré, et c’était encore mieux dans la réalité. Il bougea doucement et sensuellement ses lèvres contre les siennes pour les saisir et les goûter. Elle répondit timidement tout en agrippant ses mains aux bras de Darcy.

C’était leur premier baiser.

Avec cette dernière pensée à l’esprit Darcy rompit le contact avec réticence. Il aurait tant aimé continuer et même approfondir le baiser, mais pour la première fois il ne voulut pas aller trop loin. Ils n’étaient pas même censés s’embrasser avant le mariage, du moins pas avant d’avoir obtenu la bénédiction de Mr Bennet. Convention facile à respecter lors de fiançailles arrangées, mais ô combien difficile à observer pour de véritables amoureux.

Lizzie avait beaucoup apprécié son premier baiser, les lèvres de William étaient chaudes et plus douces qu’elle ne l’aurait cru. Elle retint tout juste un gémissement lorsqu’il commença à caresser ses lèvres avec les siennes, elle avait les jambes en compote, heureusement qu’elle était assise sinon elle aurait pu chanceler, son cœur battait la chamade et des papillons vinrent danser dans son ventre. Elle sentait qu’elle avait envie de bien plus et quand il interrompit l’échange, elle ne put s’empêcher d’émettre un petit grognement de frustration. Darcy s’en réjouit, car il sut alors qu’elle avait apprécié leur baiser. C’était prometteur.

– Il serait peut-être indiqué de nous relever et d’aller partager la bonne nouvelle avec les Bingley, proposa-il.

– En effet, il ne serait pas avisé que l’on nous trouvât dans cette situation compromettante, répondit-elle avec espièglerie.

– Et que risquerions-nous ? Que l’on nous oblige à nous marier derechef avec une licence spéciale (1) ? j’avoue que l’idée me tente assez, dit-il avec malice et humour.

– Vous êtes donc capable d’humour, Mr Darcy ! dit-elle pour le taquiner.

– William, la corrigea-t-il avec tendresse.

– Ah ! oui William, il me faudra un certain temps pour m’y habituer.

Ils se mirent à rire tandis que Darcy se releva en aidant sa fiancée à en faire autant.

– Oh ! J’allais oublier… dit-il en sortant une petite pochette.

Lizzie l’observa, intriguée. Il saisit alors délicatement la main gauche de sa dulcinée pour y faire tomber un anneau en or surmonté de pierres précieuses, deux superbes rubis et des petits diamants assemblés dans un motif très raffiné en forme du symbole de l’infini.

– William ! Elle est superbe ! dit-elle émue.

– C’était la bague de fiançailles de ma mère, dit-il la voix chevrotante, et c’est mon cadeau, symbole de mon engagement éternel envers vous. En mai, j’y avais fait graver une inscription à l’intérieur de l’anneau.

– Mais ne devrait-elle pas revenir à Georgiana ?

– Non, c’était le souhait de ma défunte mère que je l’offre à ma future épouse. Et je puis vous assurer qu’elle ne songeait pas à ma cousine Anne, quoi qu’en dise Lady Catherine, dit-il avec humour.

Ils rirent de nouveau, c’était si bon et tellement naturel de partager ces moments inoubliables qui resteraient à jamais gravés dans leur mémoire : le premier souvenir en tant que couple. Lizzie, que la curiosité assaillit, examina alors de plus près l’anneau et put découvrir ce qui était gravé, un simple mot, mais chargé de tellement de sens :

Forever

Envahie par l’émotion, Elizabeth sentit des larmes dues à un intense bonheur, perler au coin de ses yeux. Tandis que William reprit le bijou pour l’enfiler sur son annulaire délicat.

.

Ainsi, Mr Fitzwilliam Darcy de Pemberley dans le Derbyshire allait épouser Miss Elizabeth Bennet de Longbourn dans le Hertfordshire, et cela allait faire couler beaucoup d’encre.

Mais ça, c’est une autre histoire…

Fin du 1er tome

Alors qu’en pensez-vous ? Avez-vous aimé cette fiction ?

Je sais que certaines questions sont encore en suspens, comme le retour du colonel Fitzwilliam, son choix, sa rencontre avec Lizzie et aussi Darcy, mais elles seront traitées dans le tome II « À la conquête du bonheur » dans lequel vous découvrirez aussi la période des fiançailles de Darcy et Elizabeth, ainsi que l’entrée dans la haute société londonienne de Lizzie. Sans oublier les autres personnages, ainsi que de nouveaux, la réaction des Matlock, de Lady Catherine…

Par contre l’histoire n’en est qu’à ses débuts (10 chapitres déjà écrits tout de même), alors il faudra être patient, car le rythme de sa publication sera plus lent, le temps d’écrire les autres chapitres. Enfin, ne pas oublier que les commentaires sont stimulants pour l’autrice amateur que je suis 😉.

Alors, voulez-vous que je commence à publier le tome II ?

LSY🌺


Note:

(1) En Angleterre, une licence spéciale représente une permission exceptionnelle obtenue à Londres (Doctors Commons) et donnée par l’archevêque de Canterbury de se marier dans n’importe quel lieu (y compris ailleurs que dans une église), n’importe quand sans obligation d’attendre les 3 lectures des bans (3 dimanches de suite durant l’office dans chacune des paroisses où réside chacun des époux) et à n’importe quelle heure (habituellement les mariages avaient lieu avant midi). Cette licence est payante et à l’époque de la Régence, seuls les gens fortunés avaient les moyens de se la procurer : plus de 20 guinées (soit plus de 21 £, c’est-à-dire environ un an de salaire d’un travailleur agricole) et un droit de timbre de 4 £ à 5 £ pour le document, ainsi que les relations pour se permettre de « déranger » l’archevêque. Aujourd’hui elle coûte 250£.

Source : https://sharonlathanauthor.com/

 

 

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4 réponses

  1. Gigijane dit :

    C’est une très belle histoire! Ah la fameuse sonate!!

  2. Elizabeth Van Marter dit :

    Wonderful!!! Thank you, thank you!!
    Do I want you to continue? You don’t have to ask twice!!! Yes, yes, of course.

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